La République de Seine-et-Marne (Édition A-B)
La majorité présente sa vision de Melun pour 2035, mais ne convainc pas
❝ Il aurait fallu un autre moment dans l’année pour débattre de manière constructive autour du PLU ARNAUD SAINT-MARTIN, ÉLU D’OPPOSITION LFI ❝ C’est une ligne directrice sur 10 ans et pour autant il n’y a pas de projet fort sur la transition écologique. CHARLES HUMBLOT, ÉLU D’OPPOSITION MODEM
MELUN
La révision du Plan local d’urbanisme a été présentée au conseil municipal le 30 novembre. Sujet qui a soulevé de nombreuses questions et remarques des oppositions.
Le plan local d’urbanisme (PLU) de Melun a été révisé et la mairie en faisait sa présentation au conseil municipal. Un sujet qui détermine l’évolution de la commune d’ici à 2035, mais qui a suscité de nombreux débats. Les oppositions sont dans l’ensemble très perplexes de la direction retenue par la majorité.
Un long processus
Depuis 2020, une concertation autour du PLU a été organisée à Melun et le conseil municipal a pu rendre compte de son bilan. Guillaume Dezert, adjoint au maire en charge de l’Urbanisme et du Logement, replace un contexte « au processus long et complexe » et insiste sur un PLU visant à « répondre aux enjeux actuels de pression immobilière ou enjeux climatiques tout aussi actuels » . Par la suite, ce document permettra de dresser des règles pour les futurs projets d’aménagement, de construction ou de réhabilitation.
Parmi les intentions de la mairie, rappellées par Guillaume Dezert, « la faculté de remobiliser le parc habitat ancien » avec une priorité sur le centre-ville. Ils ont également une volonté de suivre « les défis liés au changement climatique et à la santé, en adoptant des nouvelles exigences » , appuyant sur les îlots de fraîcheurs et le renforcement des « itinéraires et cheminements doux » , notamment pour soutenir la « valorisation des atouts touristiques, patrimoniaux et paysagers » de Melun.
Des concertations ont eu lieu en plusieurs étapes, comme l’indique Guillaume Dezert ayant pour objectif de « rendre compte des attentes des administrés, quant aux priorités de développement » de la commune.
Si ce document fixe des objectifs globaux, il se concentre sur plusieurs projets et thématiques plus précis tels que l’ancien hôpital ou « la nature en ville, les mobilités douces et la réhabilitation » .
Une opposition très perplexe
Face à ce bilan, les oppositions ont épluché les documents afin de donner leur avis autour de la direction choisie par la majorité. Mais le premier point sur lequel plusieurs élus ont manifesté leur désaccord, c’est sur la forme. « Les habitants ont été mobilisés de manière très modeste. On se rend compte dans les statistiques que très peu de gens ont participé aux réunions » , indiquent Arnaud Saint-Martin et Cécile Prim (LFI). Céline Gillier (PS), ajoute : « La manière dont s’est déroulée la révision du PLU n’a pas tout à fait intégré les oppositions. Il aurait fallu faire un conseil municipal dédié. »
Ce qu’ils reprochent, ce sont les 600 pages du document qu’ils ont dû consulter en une semaine afin de pouvoir statuer. « En tant qu’élu, je n’ai rien eu. Il a été difficile de suivre l’évolution du projet. » , indique ArnaudSaint-Martin.
Pour aller plus loin, dans le fond du PLU, l’opposition se montre une nouvelle fois plutôt inquiète des éléments avancés par la majorité. « Ce PLU entérine une population s’élevant à 50 000 habitants d’ici à 2035. On envisage le pire concernant la capacité actuelle des services publics. C’est une augmentation d’un quart de la population actuelle » , s’alarme l’élu d’opposition de droite Philippe Martin (Réinventons Melun). Du côté de la gauche, l’inquiétude règne également, comme le précise Céline Gillier : « Cette volonté d’augmenter la population induit dans ce PLU l’augmentation des constructions pour les logements. »
Des projets qui interrogent
L’un des points avancé par Guillaume Dezert dans ce nouveau PLU est celui de l’environnement et du développement durable. « Une zone agricole a été déterminée pour être sauvegardée. C’est un bon point, mais ça ne représente que 3 % du territoire » , évoque Charles Humblot (MoDem). Arnaud Saint-Martin abonde quant à lui concernant le manque de projets verts : « Au coup par coup, il y a des choses très positives comme la végétalisation des cours d’école. Mais dans le même temps, d’autres opérations, des projets de bétonisation et de construction. Souvent prévus pour des logements, pourquoi ne pas se battre pour faire de ces espaces un grand parc ? »
Tous les membres de l’opposition interrogés sont d’accord pour dire que la construction devrait passer après la nécessité de réhabilitation des logements déjà existants. Certains projets initialement prévus ont finalement été abandonnés, comme le précise Philippe Martin : « On a milité pour que le parking Lebarbier reste. Ils voulaient faire de ce parking des logements. Il est utilisé par plein de gens et il est en centre-ville. On s’est battu pour que le projet soit abandonné et on a obtenu gain de cause. »
Deux autres projets ont retenu l’attention de l’élu, telle que la butte Beauregard et un projet d’extension du Pôle Santé, alors que ce serait « le dernier point naturel » de Melun. Il évoque également un projet de logements sur le site de l’ancien hôpital Marc Jacquet : « Il faudrait plutôt des équipements en prévision de la hausse de la population, comme un lycée. Nous allons avoir un nouveau collège, mais où iront nos enfants après ? » , questionne-t-il.
Pour les mobilités et déplacements du quotidien, une fois encore, la question des cyclistes revient sur le devant de la scène : « Les déplacements à vélo ont été pris en compte, mais dans une toute petite partie et sans projet concret pour l’instant » , détaille à nouveau Charles Humblot.
Pour l’instant, cette révision n’apporte pas encore de plan définitif. Plusieurs concertations avec les Melunais ont déjà pu avoir lieu, mais Céline Gillier insiste : « Il y a toujours un temps pour lequel les habitants peuvent amender les PLU, et il faut que chacun puisse s’informer et se mobiliser pour se faire entendre. »