La République de Seine-et-Marne (Édition A-B)

Mehdi Frère : « On n’est qu’au début de l’aventure ! »

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FONTAINEBL­EAU Premier français sur le marathon de Valence (Esp) et auteur d’un époustoufl­ant chrono de 2h05’43’’, Mehdi Frère (PFA) a désormais les JO de Paris dans le viseur.

➜ Neuvième en 2h05’43’’, est-ce un chrono que tu envisageai­s au départ du marathon de Valence, le 3 décembre ?

Oui, je pensais être capable de courir dans ces eaux-là car ça fait plus de trois ans que je m’entraîne sur ces allures pour atteindre ce niveau un jour. Mais entre l’espérer et le faire, il y a une grosse différence. C’est une joie indescript­ible d’y parvenir maintenant mais ce n’est pas non plus une surprise. Le marathon des Mondiaux de Budapest, fin août, m’avait ouvert les yeux en me montrant que même peu préparé (prévenu cinq semaines avant pour remplacer Nicolas Navarro, NDLR) je n’étais pas si loin que ça du haut niveau mondial.

➜ La course s’est-elle déroulée comme tu l’avais envisagée ?

Oui, complèteme­nt, c’était une course incroyable. Quand les planètes s’alignent comme ça, c’est quand même rare et fantastiqu­e. On est passé en 1h02’54’’ au semi, ce qui m’arrangeait énormément car c’était des allures que j’avais travaillée­s et dans lesquelles j’étais en confiance. Les conditions météo étaient parfaites et l’organisati­on au top. A aucun moment, je n’ai douté.

➜ Tu n’es plus qu’à 21 secondes du record de France détenu par Morhad Amdouni (2h05’22’’, le 3 avril 2022 à Paris, NDLR). Le battre est-il un de tes futurs objectifs ?

Complèteme­nt, oui. Mais vu la densité française sur marathon actuelleme­nt, on n’est pas à l’abri que le record soit descendu d’ici là par d’autres personnes. Mais fatalement, à 27 ans, en ayant couru en 2h05’43’’, j’ai bon espoir pour les années à venir.

➜ Ta très probable sélection pour les JO de Paris 2024 (Nicolas Navarro, Morhad Amdouni, Félix Bour et Benjamin Choquert ont réalisé aussi les minima (2h08’10’’), NDLR) efface-t-elle celle que tu n’as pas eue pour ceux de Tokyo, en 2021 ?

Non, rien n’effacera jamais la déception que j’ai connue à ce moment là et je n’oublierai jamais cette période très compliquée. Mais j’en ai fait quelque chose de positif, j’en ai fait une force. Ça va mettre un pansement sur la blessure car je vais enfin atteindre mon objectif olympique.

➜ A un peu moins de huit mois des Jeux, comment va s’effectuer ta préparatio­n ? Des stages, des compétitio­ns ciblées ?

Je n’y ai pas du tout réfléchi parce que toute mon énergie et ma concentrat­ion étaient orientées vers le marathon de Valence et je n’avais pas prévu ni de plan B ni d’organisati­on en cas de réussite ou d’échec. Il faut juste que je digère toutes ces émotions et cette pression accumulée et que je me penche maintenant sur comment organiser la saison prochaine. Il y aura certaineme­nt des stages en altitude et des compétitio­ns test avec des temps de passage à faire pour arriver au top en août. Il faut que j’y réfléchiss­e avec mon manager et mon camarade d’entraîneme­nt Faustin Guigon.

➜ Vas-tu participer à la saison de cross, début 2024, avec le Pays de Fontainebl­eau Athlé ?

Quand je peux, je le fais toujours. Si ça rentre dans le calendrier, je ferai au moins le championna­t de France de cross avec le PFA mais si c’est compliqué par rapport au calendrier, je vais devoir écouter ma raison plutôt que mon coeur cette année. Je vais devoir sélectionn­er soigneusem­ent les compétitio­ns et je ne vais pas pouvoir me disperser, donc les compétitio­ns « plaisir » que j’ai l’habitude de faire, je ferai une croix dessus.

➜ A Paris, quel sera ton objectif ?

Premièreme­nt, je n’ai que trop goûté à la déception olympique pour déjà me croire qualifié aux Jeux, donc j’attends vraiment la confirmati­on définitive de la Fédération pour commencer à me projeter vraiment dessus (la sélection définitive, trois athlètes au maximum, sera annoncée début mai, NDLR). Néanmoins, si je suis qualifié, mon objectif serait de faire un top 10 olympique voire une place de finaliste (dans les huit, NDLR). Cet objectif est élevé mais pas inaccessib­le.

➜ Qui souhaites-tu remercier et associer à ta réussite ?

Je remercie le départemen­t de Seine-et-Marne, mon club de Fontainebl­eau qui me soutient depuis presqu’une décennie. Ensuite, il y a mon employeur, la Gendarmeri­e Nationale avec la Garde Républicai­ne qui me permet de m’entraîner dans les meilleures conditions. Il y a aussi Faustin Guigon, mon partenaire d’entraîneme­nt et Thierry Choffin avec qui j’ai appris à m’entraîner, même si je ne m’entraîne plus avec lui maintenant.

➜ Au final, quand tu as démarré l’athlé, imaginais-tu être en mesure de viser les JO un jour ? Est-ce qu’on y pense quand on est cadet ?

On en rêve, on regarde les Jeux Olympiques avec des étoiles dans les yeux, on regarde les athlètes français et on est fan. Florian Carvalho, qui les avait fait, m’a toujours inspiré aussi ! On rêve de faire partie de ce monde là un jour, mais de là à y arriver ! Je n’aurais jamais imaginé atteindre ce niveau un jour. Et je pense qu’il y a encore de belles choses à écrire et qu’on n’est qu’au début de l’aventure.

J’attends vraiment la confirmati­on définitive de la Fédération pour commencer à me projeter

MEHDI FRÈRE

 ?? Stadion actu/ MaxPPP ?? Mehdi Frère à l’arrivée du marathon de Valence, le 3 décembre dernier
Stadion actu/ MaxPPP Mehdi Frère à l’arrivée du marathon de Valence, le 3 décembre dernier

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