La République de Seine-et-Marne (Édition A-B)

Renseignem­ents : disparitio­n de Ling-Diane à Fontainebl­eau sur Facebook. Jugés pour avoir gravement maltraité un mineur accueilli en foyer

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Deux accusés ont été condamnés aux assises pour avoir maltraité leur « camarade » du foyer FAO, à Melun. La victime était mineure et sous curatelle.

Etrange procès devant les assises de Seine-et-Marne. Le procès de l’enfance difficile en foyer et de l’ultra-violence mal-contenue d’une certaine jeunesse face à la moindre frustratio­n.

Deux accusés majeurs, dont l’un, Jordan, est détenu depuis les faits en juillet 2020. L’autre, Nicolas, se présente libre. Face à eux, leur victime, un garçon qui avait 16 ans à l’époque. Un autre comparse a déjà été jugé par la justice des mineurs.

Avant les faits, ils sont « copains de foyer » à Melun, c’est à dire qu’ils entretienn­ent une relation ambiguë de vrais-faux potes, faite de rivalité, de dépendance et d’opportunit­és.

Sous curatelle

L’opportunit­é ce jour-là, samedi 25 juillet, c’est de profiter des 40 € d’argent de poche dont dispose l’adolescent souffrant d’une légère déficience mentale, qui a nécessité son placement sous curatelle. Son avocat, Me Emile Dupin, le surnomme « le colosse aux pieds d’argile » . L’idée, selon les termes des mis en cause, c’est « de monter tous à Paname pour fumer dans un bar à chicha ». Seulement, l’escapade va vite virer au drame et frôler la « mortelle randonnée ».

C’est le mineur qui mène la bande et promet un accueil nocturne chez une cousine parisienne qu’ils ne trouveront jamais. Résultat, une nuit à traîner dans les rues de Paris, une bagarre dans le métro avec une pauvre relation de rencontre, puis l’errance dans des bus de nuit francilien­s, pour se tenir chaud, la capuche vissée sur la tête et la rancoeur qui monte contre le responsabl­e de cette interminab­le galère nocturne.

Vengeance collective

C’est là que va naître l’idée d’une vengeance collective contre l’adolescent, au petit matin dans un parc situé derrière la gare de Meaux, leur terminus. C’est là, bien à l’écart, en bordure de Marne, que la fine équipe achève sa bordée vers 5 h 30. L’auteur de la vendetta, Jordan, pas trop sûr de sa force, appelle quand même à l’aide, Nicolas, un copain du voisinage tiré du lit pour prêter main forte : « Y’a un mec à niquer » , lui lance-t-il par SMS.

‘ pleuvent, une cigarette est écrasée sur la peau. Puis la victime, dénudée, est projeté dans l’eau glacée du fleuve tandis que d’autres lui tiennent la tête sous l’eau. On parle aussi de lui écraser la tête avec une grosse pierre. Le calvaire va durer de longues minutes, avec un simulacre de viol avec une bouteille de bière. Le malheureux tremble de froid et de peur aussi. La contagion violente gagne toute la meute liguée contre un seul dans une scène digne du film Orange mécanique.

Face aux juges ils diront « qu’ils n’étaient plus euxmêmes, qu’ils avaient la rage ». Bien sûr, ils filment leurs exploits pour les montrer aux autres, ceux restés au foyer qui a déjà signalé leur disparitio­n.

Réquisitio­ns et verdict

L’avocat général, Marc Mulet, réclamera 7 années de prison pour Jordan et 18 mois, dont 12 avec sursis, pour Nicolas, perçu comme le lampiste de cette affaire et dont « le niveau de responsabi­lité n’aurait jamais dû dépasser la correction­nelle » , selon son avocate Me Nathalie Fonteneau. En dépit de la violence vicieuse du passage à tabac, voire même selon certaines versions, de « l’intention de tuer », la victime, déjà fragilisée par la vie, gardera surtout des traces morales, plus que physiques de cette matinée. Les jeunes gens réintégrer­ont leur foyer FAO dès le lendemain matin avant le lancement de l’enquête policière puis de la procédure.

Les témoignage­s et déposition­s devant les jurés ont permis également de mettre l’accent sur l’étrange et inquiétant­e personnali­té de Jordan à l’enfance émaillée de cruautés diverses tant sur ses animaux domestique­s que sur sa fratrie.

Le temps écoulé depuis les faits et les trois jours d’audience ont, en apparence, révélé une sorte de prise de conscience chez les deux accusés. Les copains d’avant ont renouvelé leurs excuses face à celui dont ils regrettent d’avoir gâcher la fin de jeunesse. « Je sais que je ne suis pas un modèle mais je veux en devenir un » ,a lancé Jordan à la cour après ses demandes de pardon renouvelée­s auprès de sa victime. Après trois jours d’audience, il a été condamné le mercredi 17 janvier à 7 ans de prison, tandis que Nicolas écope d’un an de prison avec sursis.

Jean-François CALTOT

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RSM77 Deux pensionnai­res du foyer FAO de Melun ont été jugés aux assises

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