La République de Seine-et-Marne (Édition A-B)

Visée par des propos sexistes, l’ajointe au maire devra payer seule ses frais d’avocats

Le tribunal administra­tif de Melun a annulé la délibérati­on du conseil municipal de Roissy-en-Brie qui avait octroyé en décembre 2020 la « protection fonctionne­lle » à Nadia Aramis, suite aux propos sexistes et misogynes qu’elle estimait avoir subis.

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Le tribunal administra­tif de Melun a annulé la délibérati­on du conseil municipal de Roissy- en- Brie ( Seine- et- Marne) qui avait octroyé en décembre 2020 la « protection fonctionne­lle » à Nadia Aramis, suite aux propos sexistes et misogynes qu’elle estimait avoir subis depuis qu’elle était devenue deuxième adjointe au maire (divers droite) François Bouchart en 2020.

Pour rappel, le 10 décembre 2020, l’élue avait dénoncé en conseil municipal ces propos ; alors qu’elle envisageai­t de déposer plainte, le maire lui avait apporté son soutien dans la presse locale. « Je ne suis pas que la jolie blonde à côté du maire » , avait-elle dit ellemême au Parisien.

Dans la foulée, le conseil municipal lui avait donc accordé le bénéfice de la protection fonctionne­lle, c’est- à- dire la prise en charge de ses frais de justice par la commune. Mais cinq conseiller­s municipaux avaient porté l’affaire devant le tribunal administra­tif de Melun : ils estimaient que le conseil n’avait pas reçu une « informatio­n suffisante » lui permettant d’apprécier si « les conditions légales (...) étaient bien réunies » .

La demande de celle qui est également agent immobilier « ne repose sur aucun fait précis permettant d’établir l’existence de propos diffamatoi­res ou leur qualificat­ion » , déploraien­t-ils.

Elle avait pris part au vote

Nadia Aramis avait d’ailleurs elle-même pris part à « l’adoption » de la délibérati­on litigieuse, faisaient-ils remarquer ; elle avait donc enfreint, de ce point de vue, le code général des collectivi­tés territoria­les ( CGCT) qui impose aux élus « intéressés » à une affaire de se retirer du vote.

Les requérants demandaien­t donc au tribunal administra­tif de Melun d’annuler la délibérati­on du conseil municipal de Roissy-en-Brie et le remboursem­ent des sommes versées par la commune à l’avocate de Nadia Aramis.

Sa première plainte pénale relative à des « propos injurieux ou diffamatoi­res » et « rapportés par des tiers » a en effet été classée sans suite, commence par rappeler le tribunal administra­tif de Melun dans un jugement en date du 9 novembre 2023 qui vient d’être rendue publique.

Or « ni la commune de Roissy-en-Brie, ni Nadia Aramis (...) ne précisent la teneur exacte de ces propos, la date ou le lieu où ces propos auraient été tenus » , fait remarquer la juridictio­n. Les intéressés ne font d’ailleurs pas davantage état du « contexte » dans lesquels ils auraient été prononcés et ne mentionnen­t pas davantage « le nom des tiers qui auraient rapportés les propos allégués » . Enfin, aucune « attestatio­n » de ces « tiers » n’a été produite, ce qui aurait permis « d’établir l’existence tels propos et de contrôler leur qualificat­ion » , expliquent les magistrats.

La commune n’avait rien versé

« Il ne ressort donc pas des pièces du dossier que Nadia Aramis aurait été victime d’outrage, diffamatio­n ou injure à l’occasion ou du fait de ses fonctions » , en déduisent les juges administra­tifs.

Les conditions posées par le CGCT à l’octroi de la protection fonctionne­lle n’étaient par conséquent « pas réunies » et les conseiller­s municipaux opposés à l’octroi de cette « protection fonctionne­lle » sont

« fondés » à réclamer l’annulation de la délibérati­on.

En revanche, le fait que l’adjointe au maire ait « déjà eu recours aux services d’une avocate » n’implique pas nécessaire­ment que ses honoraires aient « déjà été pris en charge » par la commune ou son assureur : par « mesure de prudence » , « du fait de la présente instance » , la commune de Roissy-en-Brie n’avait

« pas mandaté d’avocat aux frais de son assurance » ni

« engagé une quelconque action sur ses fonds propres » .

Le tribunal administra­tif de Melun a donc refusé d’ordonner la « révocation immédiate » de l’avocat désigné par l’assureur de la commune, le « remboursem­ent » des sommes par Nadia Aramis à l’assurance ou encore la

« transmissi­on du jugement » au même assureur.

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JL/ RSM77 La délibérati­on du conseil municipal de Roissy-en-Brie a été annulée par le tribunal administra­tif de Melun

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