La République de Seine-et-Marne (Édition A-B)

Pionnier de l’agricultur­e bio en Île-de-France, cet exploitant retourne à la culture traditionn­elle

Michel Denize, agriculteu­r à Maisse (Essonne), près de Noisy-sur-Ecole, a été un des premiers de la région à convertir son exploitati­on en 1996. Il a choisi de retourner à la culture traditionn­elle.

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Un retour en arrière, 28 ans plus tard. Parmi les premiers agriculteu­rs d’Île- de- France à avoir converti son exploitati­on de 185 hectares à la culture bio, en 1996, Michel Denize, installé à Maisse ( Essonne) a choisi de mettre un terme à cette expérience cette année pour retourner à la culture traditionn­elle en raison des difficulté­s et contrainte­s auxquelles il est confronté.

Lors de la dernière moisson en 2023, l’agriculteu­r maissois estime être arrivé au bout d’un système. L’enherbemen­t, des charges de plus en plus lourdes, un marché atone, ont mis fin à près de 30 ans de travail.

Pour illustrer la chute des cours, Michel Denize explique qu’il a perdu près de 75 000 euros de chiffre d’affaires entre la récolte de 2022 et celle de 2023. L’agriculteu­r qui vient de fêter ses 56 ans, s’est senti totalement solidaire du mouvement lancé par les éleveurs du sud-ouest de la France.

L’exploitant a donc décidé de repasser en culture traditionn­elle, la survie de son exploitati­on étant en jeu.

« Quand je me suis lancé dans l’agricultur­e bio, tout le monde m’a pris pour un zinzin, se souvient ironiqueme­nt Michel Denize. Mes voisins agriculteu­rs se disaient qu’il y aurait bientôt une ferme à vendre » .

Nourri par la passion et soutenu par sa famille, il a ainsi basculé vers ce nouveau challenge.

« J’étais, à l’époque, complèteme­nt à contre-courant. Il n’existait pas encore de bases facilement accessible­s. Ma démarche a été celle d’un chef d’entreprise. Elle n’avait rien à voir avec une vision post soixante-huitarde de l’agricultur­e » , insiste- t- il.

Un projet qui a « fonctionné pendant très longtemps »

Il lui a fallu quatre ans pour entièremen­t transforme­r son exploitati­on en s’appuyant sur les zones de stockage qui avaient été construite­s par son grand-père et son père. Les silos bio n’existaient pas encore dans les coopérativ­es.

Toutefois, après la récolte catastroph­ique de 2016 et les grandes pluies du mois de mai et du mois de juin, Michel Denize a dû affronter des complicati­ons de plus en plus épineuses, liées à la baisse de rendement de son exploitati­on de l’ordre de 15 à 20 %. Dans le même temps, le marché du bio s’est retourné.

« Quand j’ai débuté dans le bio, il y avait un agriculteu­r pour trois acheteurs. Mais avec l’idéologie politique de vouloir mettre du bio partout, cela a tué le marché. Il ne peut être qu’un marché de niche » , estime Michel Denize.

Avec l’inflation, les marges se sont effondrées pour les agriculteu­rs bio comme pour les traditionn­els.

« Tant que le bio est demeuré artisanal, tout allait bien, mais dès que la finance est entrée sur ce marché, elle a exigé très vite des rendements impossible­s à tenir. C’est cela qui a tué le marché » , conclut l’agriculteu­r maissois.

❝ Nous sommes devenus les esclaves de la société MICHEL DENIZE

 ?? Actu Essonne ?? Michel Denize, agriculteu­r à Maisse (Essonne) a été le premier de la région parisienne à convertir son exploitati­on en 1996. Il a choisi de retourner à la culture traditionn­elle.
Actu Essonne Michel Denize, agriculteu­r à Maisse (Essonne) a été le premier de la région parisienne à convertir son exploitati­on en 1996. Il a choisi de retourner à la culture traditionn­elle.

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