La République de Seine-et-Marne (Édition A-B)
Une classe qui mélange bons élèves et décrocheurs pour tirer tout le monde vers le haut
C’est une manifestation symbolique et en même temps très importante qui a eu lieu au collège François Villon. Les trois finalistes du concours d’éloquence « Perséloquence », ont présenté leurs textes à leurs camarades.
Elles s’appellent Charlène Camara, Alix Loiseau et Ninon Rossignol-Rousselin. Toutes les trois ont 14 ans, sont élèves de la classe de 3e6 et se retrouvent face à leurs camarades de classes et quelques autres élèves venus les écouter. La raison de cette rencontre, leur classe est labellisée « Classe engagée 77 » avec comme thématique pour cette année scolaire, la solidarité et l’inclusion.
Un travail collectif
Depuis la rentrée de septembre, les 28 élèves de cette classe travaillent sur le thème, « l’inclusion n’est pas une illusion ». Une épreuve préliminaire le 15 janvier, une demi-finale de 12 élèves le 29 suivant, et ce 26 février, la finale de ce concours d’éloquence interne à la classe. Un vrai concours avec un jury, qui note les trois jeunes filles en se basant sur la méthodologie de notation de l’oral du brevet des collèges.
À chaque phase, les élèves avaient un thème à défendre et devaient rédiger leurs textes en se basant sur le travail fait en classe. Les violences faites aux femmes, le harcèlement, l’empathie face aux victimes des conflits et des catastrophes naturelles, des sujets d’actualités qui les ont obligatoirement interpellés.
Chaque jeune fille passe avec son texte durant cinq minutes, afin de convaincre le jury. Clarté du texte, de la diction, présence et art de tenir son public, tout est pris en compte. Chacune donne sa définition de l’inclusion, son impact en se basant sur des exemples vécus souvent inspirés par leurs proches et si les mots tombent juste, ce sont souvent les hésitations qui font la différence. Mais il faut le reconnaitre, elles ont su taper juste et les applaudissements le prouvent.
Quant au classement, il est donné assez rapidement et donnent comme place Charlène Camara 3e, Alix Loiseau 2e et Ninon Rossignol- Rousselin gagnante. Pour les trois jeunes filles, le résultat n’est pas le plus important, si Charlène avoue avoir trop hésité sur certaines phrases, elles ont le même ressenti et la même méthodologie de travail. Toutes avouent, avoir eu l’angoisse de la page blanche en commençant à travailler leur texte, toutes ont soumis leurs créations à leurs proches, amis ou famille, mais elles reconnaissent aussi facilement être fières du résultat.
Une classe pilote
Classe Engagée 77, sous ce terme, se trouve être un dispositif expérimental destiné à promouvoir l’engagement de la jeunesse et faciliter des partenariats privilégiés autour d’une thématique centrale. Dans le cas présent, c’est Loïc Elbé enseignant de Science et Vie de la Terre qui pilote le projet.
« Je me suis inspiré d’un projet mis en place à Avon, voici quelques années, explique- t- il. Vous mixez une moitié de bons élèves en classe et une moitié en situation de décrochage, mais néanmoins travailleurs. Vous mettez en place des binômes, sous la forme aidant/persévérants, pour tirer ces derniers vers le haut. »
Ce dispositif fonctionne sur une base de volontariat. « La classe se prépare dès le second trimestre de l’année précédente. Ce qui motive ce type de classe pilote, ce sont souvent les pathologies de type ‘dys’, comme la dyslexie » , reprend le professeur.
Un discours auquel adhère totalement Jessica Vanderoost de l’association Rivage du Points Autonomies Territoriaux, qui intervient auprès des personnes âgées, le handicap de tout âge et les aidants. « Cette initiative est tout à fait raccord avec nos propres démarches et mérite d’être plus répandues » , insiste-t-elle.
Quant à Fabrice Deliaval, principal du collège et président du jury, pour lui, « ce projet est à l’image de l’investissement des enseignants et du dynamisme des élèves ». Il ajoute : « J’ai tenu à les remercier pour leur implication et je souhaite que nous continuions dans cette voie » .