La République de Seine-et-Marne (Édition A-B)
Il veut protéger la faune sauvage en forêt
Le photographe animalier Yannick Dagneau vient de lancer une association pour défendre la préservation de la faune sauvage en forêt de Fontainebleau. Une entité qui est née à partir d’un constat : la raréfaction des espèces dans le massif.
Si la mort des quatre grands cerfs, mi-janvier, en forêt de Fontainebleau, a été la goutte de trop, l’idée lui avait déjà effleuré l’esprit... Le photographe animalier Yannick Dagneau, qui habite Perthes- en- Gâtinais, vient de créer Pour une forêt vivante, une association pour la préservation de la faune sauvage en forêt de Fontainebleau.
Une entité grâce à laquelle il veut faire entendre la voix des amoureux de la nature et de la biodiversité, dans l’historique forêt de Bière.
Les plans de chasse dans le viseur
« Il y a une raréfaction de la faune sauvage dans le massif : c’est le constat que je fais depuis une décennie, mais qui s’est accéléré ces dernières années et je suis loin d’être le seul à le faire » , expose le quinquagénaire, qui arpente la forêt de Fontainebleau depuis l’enfance. Si le cerf est la figure emblématique de la forêt, il estime qu’il ne s’agit pas de la seule espèce concernée. « Paradoxalement, je trouve qu’on voit également de moins en moins de sangliers ou encore de renard » , énumère-t-il.
Selon lui, cette raréfaction globale est directement liée aux plans de chasse, bien que seules quatre espèces soient concernées en Seine-et-Marne : le cerf élaphe, le chevreuil, le daim et le cerf sika (les sangliers ne sont pas concernés). Ces quotas, établis par la préfecture - et désormais valables pour une période de trois ans - fixent le nombre minimum et maximum d’animaux à prélever pour chacune des espèces de gibier soumises à un plan de chasse.
« Les quotas de prélèvement sont bien trop élevés par rapports aux effectifs des animaux sur le terrain, insiste Yannick Dagneau. Il n’y a pas besoin d’être un mathématicien pour s’en rendre compte : tous les acteurs de terrains sont unanimes sur la baisse de la biodiversité en forêt. »
Selon l’ONF, qui réalise de nombreux inventaires animaliers et un comptage annuel des cerfs, « la population est plutôt stable et aucun indice ne laisse à penser à une baisse de la population des cerfs. » Des chiffres que Yannick Dagneau remet en question, évoquant
« des comptages à la louche » , loin de la réalité du terrain.
Campagne d’adhésion
Grâce à l’association, il entend faire entendre la voix des amoureux de la nature et de la forêt de Fontainebleau : « Je ne dis pas qu’il faut arrêter la chasse, mais il faut plus de transparence et des plans de chasse plus raisonnés et raisonnables, martèle le photographe. Actuellement, on n’est pas dans une logique de régulation, mais plutôt de destruction. » Un argument qu’avait réfuté l’ONF dans nos colonnes qui évoquait la chasse comme « un des outils de régulation qui permet de maintenir un équilibre dans la forêt. »
Mais au- delà de la divergence, Yannick Dagneau espère pouvoir engager un dialogue et faire peser la voix de l’association. « L’idée n’est pas de faire un combat frontal, assure-t-il, mais plutôt de sensibiliser le grand public à la fragilité de la faune sauvage et de sortir du seul discours de l’ONF. »
La campagne d’adhésion à l’association va être lancée début mars.
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