La République de Seine-et-Marne (Édition A-B)

Une mère et ses fils harcelés, battus et dépouillés à cause d’un héritage

- • Jean-François CALTOT

Trois hommes ont été condamnés pour des violences, extorsions et vandalisme à l’encontre d’une famille dont ils fréquentai­ent les fils. C’est un héritage qui a tout fait basculer.

Leur calvaire a duré près de sept mois, d’avril à octobre 2022. Des coups, des menaces, des voies de fait et des actes de vandalisme ; une véritable persécutio­n en bande organisée avec aussi, en toile de fond, des extorsions. À la barre des prévenus de l’audience correction­nelle du jeudi 18 avril, à Melun, seuls deux individus sur les trois incriminés se présentent.

Un quatrième membre de la bande a déjà été jugé par le tribunal des mineurs. Face à eux, les témoignage­s des trois victimes de cette sordide affaire se succèdent : une mère d’une quarantain­e d’années et ses deux fils, d’une vingtaine, racontent les longs mois de leur calvaire. « C’était tous les matins ou presque, raconte l’un des garçons. Ils sonnaient à la porte.

C’était toujours menaces et insultes, parfois des coups et de temps en temps, il fallait passer à la caisse... »

La caisse, c’était le distribute­ur automatiqu­e situé non loin de la gare de Nangis. Difficile d’évaluer le montant total des extorsions dont ils ont été victimes. Les deux frères se souviennen­t précisémen­t de 2 400 €, mais leur avocate a réussi à reconstitu­er une somme proche de 6 000€ en totalisant les versements...

Tout avait pourtant bien commencé dans la bande de potes. « Ça se passait bien au début,

raconte l’une des victimes. On aimait bien passer des soirées ensemble, rigoler et traîner.

Et puis tout a basculé. » Cette bascule, l’un des frères explique aux juges qu’elle est survenue après avoir reçu un modeste héritage de leur père, décédé quelque temps auparavant.

Les anciens potes avaient flairé l’affaire, s’en était alors fini du copinage... « File l’argent, sinon t’es mort ! » Parfois 50 €, parfois beaucoup plus, mais toujours sous la contrainte, avec des menaces de représaill­es encore plus fortes si les victimes étaient tentées d’alerter la police et de déposer plainte.

« La spirale bien connue et sans fin de la peur et de la soumission » , dira l’avocate des victimes, toujours traumatisé­es. « On vivait enfermé, volets tirés, avec la peur de sortir... même encore maintenant... cette impression d’être suivi, menacé, on vit avec. » Et puis c’est au tour des deux prévenus présents de déposer à la barre.

Ils ont l’âge de leurs victimes : l’un est apprenti- pâtissier et l’autre travaille dans le bâtiment. Ils avouent partiellem­ent les faits : les menaces, les coups, les extorsions. L’un réfute les accusation­s de détériorat­ion de l’appartemen­t des victimes. La porte de l’appartemen­t a pourtant bien été défoncée et les murs tagués de diverses menaces.

Des excuses tardives

La mère déplore aussi quelques vols dans son logement et notamment un bracelet en or. Elle rappelle aussi aux juges que, bien avant les faits, elle a aussi accueilli sous son toit l’un des prévenus parce qu’il était à la rue. L’autre, piteux, baisse la tête avant de présenter ses excuses. Trop tard sans doute.

La procureure réclamera contre le trio des peines de prison ferme. Au final, les trois escrocs harceleurs ont été condamnés à des peines allant de huit mois à un an de prison ferme, assorties de sursis.

«›Il fallait passer à la caisse›»

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Actu.fr Illustrati­on. Trois hommes ont été condamnés par le tribunal de Melun pour des faits à l’encontre d’une famille, à Nangis

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