QUESTIONS à RICHARD MILLE
On vous a quitté dans le rugissement des moteurs au Mans Classic, on vous retrouve dans le silence et la sérénité du château de Chantilly, envie de calme?
« C’est toujours un immense plaisir d’évoluer dans ce lieu aussi magnifique que chargé d’histoire, et aussi accueillant à ces manifestations de la passion automobile. Car j’aime les contrastes, et passer des circuits automobiles au calme d’un emplacement si élégant me convient tout à fait. »
Par leur technicité et leur côté avant-gardiste, les montres Richard Mille semblent avoir davantage d’affinités avec les concept-cars présentés à Arts & Elégance qu’avec les dignes ancêtres mécaniques. Vous préférez le futur au passé ?
« Lorsqu’il s’agit des voitures en général, je suis toujours fasciné par la beauté technique et technologique des créations récentes. Cependant je reste particulièrement curieux de l’histoire des voitures de collection, qui exercent toujours sur moi une attraction particulière. »
Pourrait-on imaginer voir un jour une montre Richard Mille d’inspiration « vintage » ?
« Pourquoi le ferais-je? Le monde de l’horlogerie est déjà saturé de marques qui exploitent leur patrimoine historique en continuant de créer des modèles se référant à des montres inventées il y a plus d’un demi-siècle. »
Toutes les voitures exposées ce week-end traduisent l’évolution de l’automobile et un constant esprit d’innovation. Comment jugez-vous la haute horlogerie d’aujourd’hui ?
« J’aime à penser que les voitures présentes à Chantilly reflètent la même intensité créative et novatrice que nos montres. »
On dit que les voitures d’hier étaient belles car créées d’un trait de crayon grâce au talent de l’homme et non de l’ordinateur. D’accord ? Pas d’accord ? Et vos montres, comment naissent-elles?
« Cela dépend de la manière dont vous travaillez. Pour la phase de conceptualisation, je continue d’accorder une importance particulière aux croquis. Certaines marques utilisent l’ordinateur du début à la fin, alors qu’il n’entre en jeu qu’assez tard chez Richard Mille. J’aime l’authenticité du coup de crayon. à mes yeux, l’ordinateur reste un simple outil. On prend d’ailleurs conscience aujourd’hui du problème posé par les nombreuses copies réalisées à l’aide des logiciels informatiques. »
Pouvez-vous nous citer quelques-unes des très belles voitures que vous possédez? N’avez-vous jamais imaginé concevoir rien que pour vous une automobile Richard Mille ?
« Ma collection de voitures est l’une de mes passions et occupe une grande place dans ma vie. Je préfère donc garder cela secret. J’ai, en effet, eu le fantasme de créer ma propre voiture, mais la complexité et l’obligation d’observer certaines règles ont eu rapidement raison de ma patience. L’aspect administratif est bien plus important que pour la création de la montre le plus complexe au monde. »
Comment se porte la maison Richard Mille en 2015 ?
« La maison Richard Mille est en bonne forme en 2015, nous poursuivons les ouvertures de boutiques en nom propre dans le monde entier, la collection femme rencontre un franc succès… De belles surprises sont encore à venir ! »
Vous aimez les matériaux très novateurs, la légèreté record, le style. On peut imaginer que cette quadrature du cercle n’est pas simple à gérer. Vos ingénieurs et designers deviennent-ils fous à votre contact ?
« Avoir la chance et le plaisir d’être accompagné d’une équipe aussi déjantée que moi permet de travailler ensemble très facilement. »
Est-il arrivé que vous ne parveniez pas à mener un projet de montre à son terme en raison de difficultés techniques?
« Cela arrive rarement, et lorsque ce fut le cas, c’est que j’étais en avance sur la technologie. Dans ce genre de situation, il faut attendre patiemment que la réalité rattrape vos idées. »
Pour info, quel est le prix moyen d’une montre Richard Mille ? Et la plus accessible ?
« Pour le dire élégamment, les prix de nos montres sont beaucoup plus élevés que ceux de la plupart des autres marques suisses. »
Vous avez choisi d’installer votre nouvelle boutique Richard Mille avenue Matignon, loin de la place Vendôme, pourquoi ?
« Cet emplacement représente le lieu rêvé, au croisement des galeries d’art, des hôtels et dans une ambiance de sérénité recherchée par notre clientèle. L’avenue Matignon est le cadre parfait pour le développement de notre marque. »
Parlez-nous de votre politique d’ambassadeurs: Nadal, Massa, Loeb et bien d’autres. Quel est leur rôle au-delà de l’image ?
« Leur amitié, leurs remarques et leurs idées, leurs retours d’informations et les défis qu’ils me lancent sont inestimables pour moi. »
Le 6 septembre, à Chantilly, l’une de vos voitures a été primée. Emu ?
« J’ai été d’autant plus touché que cela s’est produit dans ce contexte et à cette occasion. »
Qu’avez-vous pensé de cette deuxième édition de Arts & Elégance ?
« Cette édition qui a été à la hauteur de ce que j’espérais a, en outre, confirmé la réussite de la première. C’est un événement en totale adéquation avec la marque. Je ne peux imaginer un meilleur moment que cette période de l’année pour un tel événement. Chantilly Arts & Elégance Richard Mille synthétise à la perfection la beauté technique étonnante et spectaculaire des voitures, celle de la haute couture, mais également de l’exceptionnel cadre historique du château et des jardins de Chantilly. »
Quelle est votre définition de l’élégance ?
« L’élégance peut se trouver dans les courbes, les pensées, les dessins, aussi bien que dans les formules mathématiques. Il y a aussi de l’élégance jusque dans le minimalisme allié à une touche d’austérité. Austérité et luxe que l’on pourrait croire s’opposer mais qui s’intègrent et se renforcent mutuellement. »
Pouvez-vous évoquer vos projets ?
« De beaux projets seront présentés d’ici la fin de l’année. Rendez-nous visite en janvier au SIHH pour en savoir plus… »