VISITE PRIVÉE DU NOUVEAU MUSÉE AUDEMARS PIGUET
C’est dans son berceau historique du Brassus, là où tout a commencé en 1875, que la manufacture a installé son nouveau musée. Une architecture spectaculaire totalement intégrée dans l’environnement.
Entièrement végétalisée, la toiture s’intègre parfaitement dans le décor. À flanc de colline et noyée dans la verdure à la belle saison jurassienne, elle se fera invisible une fois que la neige l’aura recouverte en hiver. Ainsi, les 900 m2 d’exposition se cachent là, à l’abri des regards extérieurs – et en préservant la pureté du paysage –, mais en pleine lumière grâce à la présence de parois de verre. Un choix esthétique qui a impliqué une véritable performance technique : c’est en effet au vitrage que revient la tâche de soutenir le toit en acier, un treillis en laiton encerclant la surface extérieure afin de réguler lumière et température. « Une première mondiale à cette altitude », souligne-t-on chez Audemars Piguet.
Quant à la forme du musée, elle épouse la pente du terrain sur lequel il est érigé. À l’intérieur, les yeux comme les pas sont invités à suivre le sens des aiguilles d’une montre pour se diriger vers le centre d’une double spirale. Comme si l’on plongeait au coeur d’un mécanisme horloger. Une immersion que revendique Bjarke Ingels, fondateur et directeur créatif de l’agence danoise qui fut sélectionnée par la marque, en 2014, au terme d’un concours international : « L’horlogerie, tout comme l’architecture, est l’art et la science d’animer la matière avec intelligence, performance, mouvement et mesure ; de lui donner vie sous la forme d’une indication du temps », estime-t-il.
Que peut-on admirer dans le premier musée de marque ouvert au public, dans la vallée de Joux ?
Trois cents montres « racontant » Audemars Piguet. Tous ces garde-temps ne sont pas exposés dans un ordre chronologique, mais par thèmes correspondant aux principales complications maîtrisées depuis
145 ans par la manufacture : chronographes, sonneries, astronomiques… Ce parti pris scénographique aide le visiteur à suivre les évolutions esthétiques au fil du temps et des époques.
Point d’orgue de cette présentation de modèles symboliques, une pièce nommée « Universelle » trône au coeur de la spirale : il s’agit d’une montre de poche utracompliquée datant de 1899, dont les
1 170 composants assurent 30 fonctions et indications différentes. Citons, entre autres, un chronographe à seconde foudroyante, un quantième perpétuel avec phases de lune, une grande et une petite sonnerie, une répétition minutes et un réveil…
Au-delà de ce voyage dans le temps Audemars Piguet, bien des surprises figurent au programme : maquettes surdimensionnées permettant aux non-initiés de comprendre le fonctionnement d’une montre ; vastes caissons dédiés à l’iconique Royal Oak ; vitrines replaçant différents modèles emblématiques dans leur contexte historique ; établis où l’on peut s’installer, etc. Mais l’une des particularités essentielles de ce musée-atelier est, comme son nom l’indique, d’accueillir en son sein des horlogers et des spécialistes des métiers d’art, qui exercent leurs talents sous le regard des visiteurs. Un choix fort de Sébastian Vivas, directeur du musée et du patrimoine
Audemars Piguet, dont le souhait était de créer, selon ses propres mots, « un lieu unique de découvertes, d’apprentissage et de convivialité, où connaissances et savoir-faire sont transmis aux générations suivantes. » Objectif atteint.
Et pour marquer encore davantage les mémoires, une montre a été conçue spécialement pour l’ouverture de ce musée. Soit un chronographe baptisé [Re] master01, inspiré d’un modèle de 1943 figurant parmi les 300 garde-temps exposés. « Dans notre collection Patrimoine, de nombreuses montres auraient pu inspirer notre projet de remastérisation, mais nous avons tous ressenti une connexion émotionnelle pour cette pièce, véritable écho du passé », assure Michael Friedman, responsable des complications au sein de la manufacture.
Si la pièce originelle disposait d’un boîtier de 36 mm, le diamètre de son héritière a été porté à 40 mm, une dimension plus conforme aux goûts actuels. Réalisée en acier et or rose, elle est animée par un mouvement automatique chronographe flyback, visible à travers un fond saphir. Avec ce calibre moderne, son cadran champagne très raffiné, ses attaches de bracelet « gouttes d’eau » et ses poussoirs ovales, cette [Re] master01 fabriquée en 500 exemplaires apparaît comme un symbole de l’esprit de la manufacture et une synthèse de son histoire.