Les vignerons se battent pour l’usage du “.vin” sur le Net
Vignerons européens et américains se liguent pour empêcher le régulateur américain de l’Internet mondial, l’Icann, de vendre au plus ofrant l’utilisation sans contrôle d’appellations liées au monde du vin.
S’il existait, www.bordeaux.vin serait un nom de site à même d’inspirer confance. Et pourtant, il pourrait servir d’adresse à un caviste en ligne trafiquant de grands crus bordelais contrefaits.
Un scénario catastrophe que voudrait éviter la France, vent debout contre la menace de l’utilisation sans contrôle de ses appellations sur Internet.
Face à elle, le régulateur américain de l’Internet mondial : l’Icann ( Internet corporation for assigned names and numbers), qui a lancé un appel à candidatures auprès de sociétés privées pour exploiter les sufxes “.vin” et “.wine”. En clair, l’Icann veut vendre aux plus ofrants des noms de domaines tels que “champagne.vin” ou “beaujolais. wine” en se souciant comme d’une guigne que les acquéreurs aient un lien ou non avec ces appellations et qu’ils respectent leurs règles.
Pour stopper ce processus, deux recours à l’amiable ont été engagés contre l’Icann, le premier via la Commission européenne, le second via certaines organisations professionnelles du secteur en Europe et aux États-Unis.
Car les acteurs de la viticulture américaine se mobilisent à leur tour. Jusqu’à présent discrets, ils sont inquiets pour l’avenir des dénominations régionales et demandent à Washington de se désolidariser de l’Icann.
Lors de la dernière session de l’Icann à Los Angeles, mioctobre, « les professionnels américains du vin ont démontré à toute l’industrie d’Internet et aux gouvernements représentés qu’ils sont avec nous » , témoigne le directeur de la CNAOC (confédération des AOC), Pascal Bobillier-Monnot.
Mais l’Icann ne plie pas car la portée de ce dossier pourrait bientôt concerner tous les secteurs de l’économie avec un nouveau cycle d’ouverture de noms de domaine en 2016. « Si nous laissons Internet se déréguler, un investisseur étranger pourra demain acheter le domaine “www. chartres.tourisme” et faire payer les commerçants de Chartres pour qu’ils apparaissent. Le tout en faisant sortir l’argent de France » , prévient Pascal Bobillier-Monnot.
Lemaire embarrassée
En juin, la ministre de l’Économie numérique, Axelle Lemaire, a exigé de l’Icann la suspension du processus d’attribution des “.vin” et “.wine”. Le président de l’Icann a rétorqué en septembre que la France avait eu l’occasion de réserver le “.vin” mais qu’elle avait refusé la proposition.
Vignerons français et américains défileront-ils ensemble pour la première fois au nom de la défense de leurs intérêts ?