Sauternes coupé en deux par le TGV ?
Le projet de double extension de la ligne à grande vitesse prévoit de traverser la basse vallée du Ciron où un climat spécifque est pourtant vital au grand vin liquoreux. La révolte gronde en Sauternais.
Dans le règlement de l’Organisme de défense et de gestion Sauternes figure l’importance exceptionnelle du mésoclimat de la zone. En efet, les pluies fltrées par les sables landais du bassin de la rivière Ciron et de ses afuents protégés du soleil par la forêt alimentent une circulation d’eaux froides qui, en arrivant dans celles plus chaudes de la Garonne, induisent ces fameuses brumes matinales qui se dissipent à la faveur d’aprèsmidi ensoleillés.
Ce milieu naturel facilite le développement du botrytis cinerea, le champignon qui engendre la pourriture noble indispensable à la production des grands vins de Sauternes et de Barsac. Une relation au terroir garantie par les règlements européens.
Une balafre de 80 km
Mais voilà qu’un projet de Ligne à Grande Vitesse menace de bouleverser ce fragile équilibre. Son tracé en direction de Hendaye et Toulouse va fendre le bassin versant, bousculer la circulation et la température des eaux et donc modifier ce climat qui, en période humide, n’induirait plus que de la pourriture grise, nuisible aux raisins, et en période sèche, l’absence de toute forme de pourriture.
Le Ciron et ses affluents seraient ainsi balafrés sur 80 km. Le ballast de la voie couperait les échanges hydriques et une saignée dans la forêt endommagerait le bouclier thermique qui protège le cours d’eau. La disparition de la spécifcité du vignoble de Sauternes est donc annoncée.
Mais pour quelques minutes gagnées entre Bordeaux et Toulouse ou Bordeaux et Hendaye, faut-il assassiner le fleuron de nos vins liquoreux ? Château d’Yquem, le mythe absolu du grand sauternes, va-t-il se résoudre à produire des vins blancs secs ?
Aux côtés des défenseurs de la nature, les amateurs doivent se mobiliser pour défendre un joyau valant bien tous les TGV. Les professionnels montent déjà au front, à l’instar de Xavier Planty (château Guiraud) bien décidé à saisir les autorités européennes pour sauver Sauternes et son particularisme.