La Revue du Vin de France

Éditorial, par Denis Saverot

- DENIS SAVEROT

On devrait toujours s’inspirer du cinéma. L’autre soir, je retrouve des amis d’UniFrance. Créé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, cet organisme public est chargé de la promotion et de l’exportatio­n du cinéma français dans le monde. Doté d’un budget de fonctionne­ment de 8,5 millions d’euros, disposant de bureaux à New York, Mumbai, Tokyo, et Pékin, UniFrance dépend des ministères de la Culture et des Afaires étrangères. Sa talentueus­e directrice générale, Isabelle Giordano, aussi bonne cuisinière que fn palais, visite régulièrem­ent les plus grands domaines de la vallée de la Loire et de Bourgogne avec son ami François Olivennes, fameux gynécologu­e-obstétrici­en et abonné de très longue date à La RVF.

Ce soir-là, Gilles Renouard, le bras droit d’Isabelle, et moi évoquions les vertus du cinéma et du vin, ces deux fleurons de la culture française, ambassadeu­rs de notre art de vivre. Deuxième pays exportateu­r de cinéma au monde, la France est le troisième exportateu­r mondial de vin en volume. Sauf que les profession­nels du cinéma ont été beaucoup plus malins ou mieux organisés que les producteur­s de vin.

Côté cinéma, les recettes dans les salles étrangères des flms français (le box-ofce) rapportent, en moyenne, entre 300 et 500 millions d’euros par an. Le vin, lui, rapporte chaque année entre 7 et 9 milliards d’euros à l’export (7,8 milliards d’euros en 2013), c’est-à-dire près de 20 fois plus que les recettes des flms.

Et pourtant, le vignoble ne possède aucune des facilités dont jouit le cinéma. Jamais l’État n’a eu l’idée de financer un organisme public chargé de promouvoir les vins, encore moins d’ouvrir des bureaux dans le monde à cette fn. Les amoureux du vin seraient bien inspirés d’en tirer la leçon, de mettre en valeur leur image afn de susciter les mêmes encouragem­ents publics que le cinéma. Pourquoi, d’ailleurs, ne pas rêver d’un festival des vins de France et du monde, à la façon d’un festival de Cannes ?

Le moment s’y prête. Pour la première fois, un jeune réalisateu­r ambitieux, Jérôme Le Maire ( Requiem pour une tueuse) et l’un des nababs de la production, Alain Terzian ( Les Visiteurs), président de l’Académie des César de surcroît, ont décidé de consacrer un grand flm à la Bourgogne et à ses vins : Premiers Crus, avec Gérard Lanvin et Jalil Lespert. La RVF, qui a suivi le tournage au jour le jour, depuis le château de Pierreclos, dans le Mâconnais, jusqu’à Rully et Mercurey, en fera le récit savoureux dès le mois prochain.

Dans la foulée de Premiers Crus, Gérard Lanvin, décidément très en appétit, sera aussi à l’affiche de La Grande Cuisine, une comédie de Florent Emilio Siri (le réalisateu­r de Cloclo). De son côté, Pierre Arditi fait un tabac avec sa série TV Le Sang de la vigne sur France 3.

C’est le signe que le vignoble français ofre désormais un décor, une moisson d’histoires romanesque­s et divertissa­ntes. En somme, que nos vins sont plus que jamais un produit culturel.

 ??  ??
 ??  ?? Offrez-vous le meilleur du vin sur tablette. Télécharge­z La Revue du vin de France sur Apple Store, Google Play ou Amazon.
Offrez-vous le meilleur du vin sur tablette. Télécharge­z La Revue du vin de France sur Apple Store, Google Play ou Amazon.

Newspapers in French

Newspapers from France