Henry Marionnet : mission royale à Chambord
Le vigneron de Soings va faire renaître le vin de François 1er, une cuvée 100 % bio !
Inusable Henry Marionnet. On pensait tout connaître du père de la cuvée Première Vendange, spécialiste des asperges blanches et de la cuisine aux morilles. Mais le fameux vigneron de Soingsen-Sologne rebondit : à 74 ans, il a été choisi par Jean d’Haussonville, directeur général du Domaine général de Chambord, pour faire renaître le vignoble du fabuleux château de François Ier.
Le voeu de Ségolène
Début juin, les deux hommes planteront le premier plant de vigne sur le domaine royal, un romorantin non grefé. Un projet envoûtant mais semé d’embûches. Emballée par cette initiative, Ségolène Royal, l’infexible ministre de l’Écologie, a fait promettre que la vigne et le vin du château seront 100 % bio ! Une lourde contrainte à Chambord où le climat humide et frais et les 5 000 hectares de forêts environnantes favorisent l’essor des maladies de la vigne. Mais peut-on résister à Ségolène ? Henry Marionnet s’est bien gardé d’essayer !
Cette incroyable histoire est aussi celle de la conversion de la France à l’oenotourisme et à la rationalité économique. Chambord, lesté de frais d’entretiens gigantesques, peine à boucler ses fins de mois. Décidé à redonner son lustre au site, Jean d’Haussonville a une idée : produire du vin estampillé Chambord, qui se vendrait aux quatre coins du monde.
Oui, mais avec qui ? Au fl des consultations partout en France, un nom se détache en lettres d’or : Henry Marionnet. Le propriétaire du domaine de la Charmoise tire depuis 50 ans le meilleur de son rude terroir solognot. Et il est d’autant plus enthousiaste qu’il a une idée.
Le vigneron propose de replanter des sarments prélevés sur sa fameuse parcelle de romorantin franc de pied de 1850, l’une des plus vieilles vignes de France, dont il tire sa fameuse cuvée Provignage. « François Ier, en 1510, a rapporté 80 000 plants de Bourgogne pour revigorer les vins de Touraine. Notre romorantin vient de là, en ligne directe. Lorsqu’on y réféchit, seules trois générations de 160 ans séparent ma vigne préphylloxérique de celles plantées par le roi de France !» , s’enthousiasme-t-il.
Début janvier, il a prélevé les précieux sarments sur la vigne mère, les a mis en terre dans des pots de tourbe sous serre chaufée pour les faire “démarrer”. Une résurrection royale !