Projet de classement à l’Unesco : les crus classés sont divisés
Bronca au sein du très sélect club des crus classés en 1855. Objet de la discorde ? Un projet de classement par l’Unesco.
Le président du Conseil des crus classés de 1855, Philippe Castéja ne cache pas sa surprise. Voire son désappointement. Il n’imaginait pas que son projet de demande de classement au patrimoine immatériel de l’Unesco du célèbre classement de 1855 rencontre une telle opposition de la part d’une poignée de propriétaires.
À leur tête, trois personnalités du Médoc au caractère bien trempé : Jean-Hubert Delon, connu pour ses positions très indépendantes (Léoville Las Cases est le seul cru classé à ne pas être membre de l’association), Bruno Borie, le propriétaire de Ducru-Beaucaillou mais aussi Alfred Tesseron, propriétaire de Pontet-Canet.
Vent debout contre le projet, ils ne lui trouvent aucun intérêt et redoutent en cas de classement par l’Unesco du classement de 1855 que ce dernier soit alors figé à jamais. Pour un autre propriétaire hostile mais qui tient à rester discret, l’opération serait trop favorable aux premiers : « Cela validerait ad vitam æternam leur statut d’icône intouchable. Ils seraient les grands gagnants de l’opération » , explique-t-il.
Coulé dans le bronze ?
Un faux débat, se désole Philippe Castéja qui précise que la demande concerne le patrimoine immatériel et qu’elle porte sur l’idée du classement, pas sur le fond. Un classement modèle et respecté dans le monde entier, devenu l’une des “marques” iconiques dans l’univers du vin. « Ce n’est pas parce qu’il serait classé par l’Unesco que le classement de 1855 ne pourrait plus être révisé un jour, cela ne le coule pas dans le bronze définitivement » , plaide Philippe Castéja qui renoncera si son projet ne fait pas l’unanimité. Cela semble aujourd’hui très mal parti.