Le vol de vin : un nouveau business en France
Condrieu, Bordeaux, Paris… Les braquages se multiplient à mesure que les belles étiquettes prennent de la valeur.
e préjudice avait fait grand bruit en Rhône nord à la veille des dernières vendanges : l’équivalent de 40 000 € de condrieu avait été subtilisé dans les vignes de la maison E.Guigal, sans doute de nuit, par des malfrats manifestement très bien informés. L’an passé, à Bordeaux, on avait tout fait, au contraire, pour rester discret sur cette autre affaire : lors d’un vaste coup de filet, 300 gendarmes interpellaient en Gironde et en Îlede-France une bande de braqueurs ayant “visité” treize grands châteaux bordelais (dont Palmer) et subtilisé pour plus d’un million d’euros de grands crus.
Deux cas loin d’être isolés. Pas un mois ne se passe sans que la presse régionale ne relate des exploits de casseurs de
Lchâteaux. Fin octobre 2015, la boutique La Vignery de Pontault-Combault (Seineet- Marne) était fracturée par des “connaisseurs” emportant pour plus de 20 000 € de belles bouteilles.
Cette nouvelle délinquance dépasse de loin les enjeux des cambriolages à l’ancienne de caves de particuliers. L’inflation, parfois déraisonnable, du prix des grands vins a donné des idées aux délinquants : l’indice WineDex d’iDealwine (voir (*) graphique ci-dessous) montre bien à quel point leur valeur est devenue sans commune mesure avec celle des actions en Bourse, un investissement pourtant considéré comme performant. Le vin – en tout cas, les vins réputés – fait désormais l’objet d’un véritable trafic orchestré par des professionnels de l’économie occulte.
Les vignerons de France devront-ils bientôt élever des grilles autour de leurs vignes et les cavistes investir dans des portes blindées ? C’est là le revers de la médaille pour nos cuvées championnes du monde des prix et des enchères.