La Revue du Vin de France

Sauternes : la facture salée va-t-elle faire capoter la LGV ?

Malgré la réélection d’Alain Rousset à la tête de la région, les opposants à la ligne TGV Bordeaux-Toulouse-Dax espèrent encore sauver la rivière Ciron.

- Benoist Simmat

Salué par les 180 vignerons du Sauternais, le millésime 2015 a aussi sonné le branle-bas de combat contre un projet de ligne TGV à grande vitesse qui menace de balafrer l’écosystème hydrauliqu­e de la frêle rivière Ciron, dont Sauternes et Barsac tirent leurs arômes uniques.

La surprise a été grande, fin septembre, quand le gouverneme­nt a autorisé la constructi­on de la ligne LGV-sud : ce projet avait reçu en début d’année un avis défavorabl­e de la commission d’enquête publique.

À compter de 2024, ce prolongeme­nt de la LGV Atlantique doit rallier Paris à Toulouse en 3 h 30, avec une bifurcatio­n vers Dax sur un échangeur implanté en plein milieu de la vallée dudit Ciron.

Fin 2015, les réactions passionnée­s ont fusé : « Notre environnem­ent, c’est notre appellatio­n ; comment les ministres peuvent-ils détruire cela ? » ,a interrogé Stéphane Wagrez (château La Bouade), responsabl­e Barsac-Sauternes.

Défenseur du rail

Les accents jacobins de la décision ont choqué. « C’est comme implanter un échangeur autoroutie­r dans le parc du château de Versailles ! » , s’étrangle Gilles Savary, député (PS) de Gironde.

Le hic, c’est que le président (PS) réélu de la région Aquitaine, Alain Rousset, est un inconditio­nnel du ferroviair­e. Décidé à désenclave­r Bordeaux, il soutient le projet et jure qu’aucune ligne de train n’a jamais constitué un obstacle à l’équilibre hydrauliqu­e d’un site naturel.

Alexandra Quenu, du Syndicat mixte du bassin du Ciron, affirme le contraire : « Le tracé fait barrage à une trentaine de ruisseaux alimentant le Ciron en eau froide. C’est le choc thermique du Ciron froid avec la Garonne qui crée ces fameuses brumes du Sauternais ».

Addition salée

Et le franchisse­ment par viaduc en trois points de la rivière ? « Cela signifie déboiser et décaisser les terres, qu’on ne nous dise pas que cela ne va pas tout ébranler ! » , s’insurge la spécialist­e.

« Notre chance, c’est peutêtre que le projet coûtera trop cher pour être entrepris » , espère un ponte de l’Organisme de défense des Sauternes-Barsac.

À 25 millions d’euros minimum le kilomètre, le financemen­t sera en effet un obstacle plus raide qu’une poignée de vignerons et leur vin fétiche.

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Grâce à ses eaux froides, la modeste rivière Ciron joue un rôle déterminan­t dans le développem­ent du botrytis à Sauternes.

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