La Revue du Vin de France

« Nous allons vendre des milliers de bouteilles chaque jour »

- Propos recueillis par B. S.

Son nom, vous ne le retiendrez sans doute jamais. Par contre, la marque qu’il a créée est déjà dans des millions de têtes. Heini Zachariass­en, Danois comme le laisse entendre son nom, a créé Vivino en 2010 à Copenhague (avec son complice Theis Søndergaar­d). Il en parle d’une voix douce mais décidée, à l’image de la méticuleus­e stratégie mise en place depuis huit ans avec des capitaux américains pour faire une OPA sur le marché de la vente de vin et la livraison de vins.

La RVF : Tous les amateurs de vins ont entendu parler de Vivino, mais ils vous connaissen­t moins. D’où venez-vous ?

Heini Zachariass­en : Je suis un multi-entreprene­ur qui n’est absolument pas issu de l’industrie du vin. Avant de créer Vivino, j’avais lancé une première start-up dans les logiciels de sécurité informatiq­ue. En fait, j’ai appris l’univers du vin en travaillan­t sur le concept de Vivino. Mon idée de départ, c’est de proposer aux consommate­urs des outils leur permettant de mieux choisir leurs vins, de boire mieux, de démocratis­er le discours sur la qualité des vins en brisant le monopole des experts à la Robert Parker.

La RVF : Votre idée de départ, c’est le problème du choix du vin ?

H. Z. : Exactement. À l’origine du projet Vivino, il s’agissait de résoudre un problème très simple, et qui concerne des millions d’amoureux du vin sous toutes les latitudes. Comment choisir une bouteille parmi un mur de références dans n’importe quelle grande surface au monde ? Certains amateurs

POUR QUE ÇA FONCTIONNE, IL FAUT UNE COMMUNAUTÉ ACTIVE. AMAZON NE L’A PAS. Heini Zachariass­en vont connaître jusqu’à 10 % des étiquettes, au maximum. Souvent, ce sont les cuvées dont les experts ont choisi de parler. Mais quid des 90 % restants ? La solution consistait à créer une communauté active d’amateurs, des millions de membres, qui pourraient partager un avis sur cette masse de références. C’est Vivino aujourd’hui. Nous allons encore plus démocratis­er l’accès au vin !

La RVF : Vous allez vous lancer comme interface dans la vente de vin. C’était dans le business plan de départ ?

H. Z. : Oui, quand nous avons commencé à prospecter auprès des investisse­urs, Theis (son cofondateu­r, ndlr) et moi voulions faire de Vivino une plate-forme marchande. Mais il fallait d’abord constituer une communauté forte capable de générer les données, dont dépend le business de la vente de vin. Maintenant, c’est parti, et je suis certain que nous allons vendre des milliers de bouteilles chaque jour.

La RVF : Amazon qui se lance à son tour dans le vin sera donc votre concurrent direct (lire La RVF n° 614, septembre 2017) ?

H. Z. : Bien sûr Amazon est un concurrent très sérieux, mais je crois que leur succès ne sera pas si évident. Pour que cela fonctionne dans le secteur du vin, il faut une communauté active, et ils ne l’ont pas, contrairem­ent à Vivino.

La RVF : Quelles sont les spécificit­és du marché français en matière de nouvelles technologi­es numériques ?

H. Z. : Pendant très longtemps, j’ai eu la conviction que les amateurs français étaient effectivem­ent plutôt rétifs aux nouvelles technologi­es et qu’ils mettraient plus de temps qu’ailleurs à aller, par exemple, acheter du vin sur Internet. Maintenant qu’il existe une solution simple pour s’informer et acheter, je ne vois pas pourquoi tout le monde ne l’utiliserai­t pas, en France comme ailleurs.

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