La Revue du Vin de France

Le fabuleux destin des cracks de la dégustatio­n à l’aveugle

- Une enquête de Robin Lenfant

Ils sont aujourd’hui animateur TV en Californie, chercheur à Oxford, ténor, artiste, mais aussi directeur de château bordelais ou brasseur… La RVF a retrouvé quelques années après les vainqueurs des concours de dégustatio­n des grandes écoles et raconte leurs parcours.

Le point commun entre le pilote de rallye Andrew Comrie-Picard, la chercheuse Janice Wang et le ténor Florian Cafiero ? Ils ont tous profité de leurs années d’études pour cultiver avec panache leur goût et leur passion pour le vin. Inscrits dans des grandes écoles ou les plus prestigieu­ses université­s, ces têtes bien faites ont toutes fréquenté les clubs de dégustatio­n étudiants. Et comme ils étaient très doués, ils ont chacun remporté au moins un des concours internatio­naux organisés chaque année en France et en Grande-Bretagne.

En effet, la place du vin a été considérab­lement réévaluée dans les cursus universita­ires. Ce qui, il y a quinze ans, n’était qu’un plaisir ludique partagé par une poignée de passionnés est ainsi devenu une affaire sérieuse qui mobilise des milliers d’étudiants et des maisons de vin réputées.

Les meilleures écoles et université­s du monde comptent toutes des clubs de dégustatio­n où ces jeunes palais apprennent à discerner chenin, pinot noir ou chardonnay et reçoivent les plus grands vignerons. Et dans ces clubs, les étudiants cultivent aussi leur esprit de compétitio­n : regroupés en équipes, ils affrontent leurs homologues des autres grandes écoles lors de compétitio­ns relevées.

À Oxford, un bagage culturel obligatoir­e

Si la mode des concours de dégustatio­n estudianti­ns est récente en France, c’est une tradition ancienne dans le monde anglo-saxon (lire sur larvf.com notre article “Comment Oxford cultive le goût du vin”). Il faut dire que, pour l’élite britanniqu­e, la connaissan­ce du vin a toujours fait partie du bagage culturel obligatoir­e. Depuis 1953, les étudiants d’Oxford défient chaque année leurs rivaux de Cambridge lors du célèbre Varsity Blind Wine Tasting Match. Nombre de futurs profession­nels du vin britanniqu­es s’y sont affrontés.

Ce sont d’ailleurs les étudiants qui, conscients de l’émulation apportée par ces concours en Grande-Bretagne, sont partis solliciter le soutien de sponsors. La maison de champagne Pol Roger, partenaire depuis 1992 du Varsity Match, en a proposé une version française dès 2003. Depuis, les vainqueurs du concours Inter-Grandes Écoles Pol Roger en France gagnent le droit d’affronter chaque année les champions anglais lors d’une finale épique. De son côté, la Commanderi­e du Bontemps, la confrérie réunissant les crus classés de la Rive gauche du Bordelais, a créé la Left Bank Bordeaux Cup. Ce concours accueille chaque année des étudiants européens, américains et asiatiques venus mesurer leurs connaissan­ces des crus classés.

Du club d’HEC à château Margaux

Pour remporter ces concours, les étudiants consacrent d’innombrabl­es heures à leur préparatio­n, et atteignent parfois un niveau de connaissan­ces proche de celui des profession­nels. Dès lors, pas étonnant que certains franchisse­nt le pas et décident de faire du vin leur métier. C’est le cas d’Aurélien Valance. Étudiant à HEC, il remporte en 2003 la Left Bank Bordeaux Cup (à l’époque, le Concours 20 sur Vin) et effectue ses premiers stages au château Margaux. Il en est aujourd’hui le directeur général adjoint. D’autres empruntent une voie différente. « Je n’ai pas voulu l’épouser, car le vin m’a montré qu’il pouvait être une excellente maîtresse » , plaisante ainsi le pilote automobile Andrew Comrie-Picard !

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