La Revue du Vin de France

Loi Évin : les étiquettes aussi !

- Jean-Baptiste Thial de Bordenave Directeur du départemen­t LexWine au cabinet Inlex IP Expertise

Longtemps, le sujet est resté flou : les packagings des boissons alcoolisée­s devaient-ils ou non respecter la loi Évin ? Dans un premier temps, les tribunaux (Cour d’appel de Paris, 9 février 2016) ont semblé adopter une solution médiane : le packaging n’était soumis à la loi Évin que si celui-ci était reproduit dans une publicité. Donc, le contenu d’une étiquette de vin ne devait respecter la loi Évin que si la bouteille et l’étiquette étaient reproduite­s dans une publicité, par exemple sur un affichage 4 x 3 ou bien dans un magazine.

Patatras ! Dans un arrêt rendu le 5 juillet 2017, la Cour de cassation durcit cette position et pose le principe que le packaging doit désormais respecter les principes posés par la loi Évin en matière de publicité, qu’il soit reproduit ou non dans le cadre d’une publicité.

Dans l’affaire examinée, Carlsberg était jugée pour avoir lancé des canettes de bière à l’effigie de célèbres joueurs de football en faisant référence au parrainage du championna­t anglais par la marque. Les canettes renvoyaien­t par ailleurs à un jeu associant explicitem­ent la marque de bière et ce même championna­t.

Pour la Cour ,« les mentions figurant sur les canettes et les packs litigieux constituen­t une opération de parrain age ayant pourobjeto­u poureffet la propagande ou la publicité directe ou in directe en faveur des boissons alcoolique­s» , laquelle est interdite par le dernier alinéa de l’article L.3323-4 du Code de la santé publique.

Désormais, les visuels des étiquettes pourront donc être directemen­t condamnés au titre de la loi Évin, publicité ou pas. Même s’il semble que Carlsberg soit davantage une cible de choix pour les attaques de l’Anpaa que de plus “modestes” producteur­s de vin.

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