L’histoire des vignobles
Les grands vignobles tels que nous les connaissons actuellement sont le résultat d’une très longue histoire, d’abord géologique, puis sociale et politique. Une histoire de commerce et de navigation aussi, où les grands personnages ont joué un rôle.
Une épopée où l’on croise un auteur romain, un empereur franc, un moine bourguignon, le négoce anglais, des marins hollandais...
Comme tous les grands mystères, la naissance du vin se perd dans l’histoire de l’humanité. Qui fut le premier homme à construire la roue, à pétrir le pain ou à vinifier des raisins ? On ne le saura jamais. Des indices existent néanmoins, poussières de mémoire sauvées de l’oubli par des archéologues scrupuleux. Des pépins fermentés, vieux de 9 000 ans, retrouvés au milieu des ruines d’un village néolithique, dans le sud-est de la Turquie. D’autres, plus anciens encore, découverts aux confins de l’actuelle Géorgie. C’est bien peu, mais c’est déjà un monde qui s’ouvre.
Le vin naît avec la sédentarisation de l’homme, entre l’Europe et l’Asie. Certains historiens le voient apparaître dans le sud du Caucase. D’autres, peut-être plus inspirés par le mythe de Noé, sur les contreforts du Mont Ararat, où se serait échoué l’arche du patriarche. Qu’importe : de tout temps, le raisin, grâce à sa concentration en sucre, est l’un des rares fruits à fermenter naturellement. Il n’y a dès lors qu’un pas pour imaginer un gobelet en pierre rempli de raisin, oublié au soleil, et qui commence à transformer son jus en vin. Un homme le boit et l’humanité découvre le vin, rencontre le pouvoir transgressif de l’ivresse. L’un ne va pas sans l’autre.
Néanmoins, si nous restons viscéralement attachés au vin, c’est peut-être que le lien intime que nous tissons avec lui dépasse le simple cadre de la boisson alcoolisée. La bière, inventée presque en même temps, ne parviendra jamais à établir cette relation symbolique que l’homme noue avec le vin. N’offre-t-il pas à nos yeux la couleur du sang, donc de la vie ?
Très tôt dans son histoire, le vin poursuit deux chemins parallèles. Celui du sacré, car on le retrouve dans