savoIe
Dans une France viticole en mouvement, ce vignoble singulier et longtemps ignoré fait figure de révélation.
Une région sur la bonne pente
Si la France demeure l’une des contrées viticoles les plus passionnantes au monde, ce n’est pas parce qu’elle se classe parmi les premiers producteurs en volume, mais bien pour la diversité extraordinaire de ses terroirs et de ses vins. N’y voyez aucun chauvinisme : à l’exception notable de l’Italie, aucun pays ne peut s’enorgueillir d’une palette aussi large. Et si l’Hexagone viticole demeure riche de ses grandes régions qui ont fait, et font toujours, sa réputation, c’est aussi auprès de ses vignobles plus confidentiels qu’il puise son dynamisme et son incomparable variété.
Ainsi, une appellation comme Irouléguy abrite des vignerons formidables ; la Corse démontre de millésime en millésime le talent de ses producteurs et le potentiel de ses terroirs ; le Jura épate le landerneau des amateurs de vins et même au-delà ; et la Savoie connaît une véritable révolution.
Longtemps, sans autre raison qu’une relative proximité géographique, la presse et l’édition spécialisée ont rangé ces deux dernières dans le même chapitre. Mais cette période est révolue. Le Jura et la Savoie ont su se distinguer, montrer leur personnalité unique, grâce à des vignerons qui se sont orientés vers toujours plus de qualité, embrassant notamment la cause du bio et de la biodynamie. Résultat : la Savoie est de plus en plus présente sur les cartes des vins et sur les étagères des cavistes. Dans le sillage de grandes figures, comme Michel Grisard puis Dominique Belluard ou Gilles Berlioz, des jeunes se sont installés avec de nobles ambitions, suivis aujourd’hui par une nouvelle génération très prometteuse. Grâce à tous ces acteurs, on (re)découvre des vins locaux marqués par une forte identité.
Ces cuvées doivent leur caractère à la patte des producteurs, à l’influence de terroirs montagnards (le climat et l’altitude apportent fraîcheur, fluidité et buvabilité) et à l’existence de plus d’une vingtaine de cépages. Le gamay ou la roussanne, connus ailleurs, trouvent ici des expressions particulières. D’autres cépages sont carrément des “exclusivités” locales, qui font la singularité du vignoble savoyard : la mondeuse ou le persan, en rouge, la jacquère, l’altesse ou le gringet, en blanc.
À une époque où la Savoie se contentait de “bidouiller” du vin médiocre pour abreuver les skieurs en station, La Revue du Vin de France ne vous aurait pas conseillé la destination. Mais aujourd’hui, il est grand temps d’aller arpenter les routes des vins savoyards, d’emprunter les chemins buissonniers qui vous mènent à tutoyer des cuvées superbes dans les meilleurs domaines, et à admirer des paysages à couper le souffle.