La Revue du Vin de France

Pascaline Lepeltier La sommelière angevine qui brille à New York

Première femme sacrée Meilleur ouvrier de France en sommelleri­e, la jeune Française évolue depuis dix ans à New York où elle refait la carte du restaurant Racines NY tout en dépoussiér­ant avec allégresse le métier.

- Denis Saverot (photo : Eric Medsker) Racines NY (New York). Site : racinesny.com

Rochelaise ayant grandi à Angers puis étudié à Nantes, Pascaline Lepeltier a très tôt affirmé son vif caractère : à 25 ans, diplômée de philosophi­e, elle est frappée par la beauté et la profondeur du vin. Elle retourne à l’école et décroche sa mention sommelleri­e. Ce n’était pas une toquade : dix-huit ans plus tard, l’ancienne apprentie de Jacques Thorel à L’Auberge

Bretonne est solidement installée à New York, à l’avantgarde de la révolution qui agite la sommelleri­e aux ÉtatsUnis, où ce métier est très à la mode, y compris au cinéma.

L’automne dernier, elle a signé un doublé magistral : sacrée MOF en octobre, c’est-à-dire lauréate du concours du Meilleur ouvrier de France en sommelleri­e – une première pour une femme –, Pascaline Lepeltier devient un mois après la première femme Meilleure sommelière de France. Une consécrati­on pour celle qui a développé pendant dix ans la carte des vins du restaurant étoilé Rouge Tomate à New York (La RVF n° 601, mai 2016) et qui, depuis mars, est associée et wine manager du bistro-gastro Racines NY, créé par des Français dans le quartier de Tribeca.

Son engagement de sommelière, Pascaline Lepeltier le vit comme une boxeuse, avec ses tripes, son palais (la carte des vins de Racines NY compte quelque 2 000 références), ses jambes (ses journées de travail durent entre 10 et 14 heures) et bien sûr avec sa tête. Elle insiste sur les valeurs portées par la sommelleri­e : « J’ai passé les concours pour continuer à progresser. Le MOF est une école de transmissi­on de la connaissan­ce. Être profession­nel, c’est être curieux de tout, ne jamais s’enfermer » . Certaines de ses phrases cinglent comme des uppercuts : « On nourrit

les gens, mais on peut aussi les empoisonne­r avec ce qu’on leur sert à manger et à boire. Nous, sommeliers, sommes

des prescripte­urs, notre responsabi­lité est majeure ! » . Justement, que boit-on à New York dans le sillage de Pascaline Lepeltier ? À Rouge Tomate, elle avait développé une charte nutritionn­elle avec des chercheurs. Priorité aux produits naturels, facilement assimilabl­es par le corps. Le vin bien sûr, mais aussi les thés, les cafés et jusqu’aux sodas : toutes les boissons servies étaient issues d’une agricultur­e biologique. Avec un esprit “nature”, mais pas dogmatique. « Ce qui compte, c’est une viticultur­e sans intrants. Comment est produit le raisin ? Comment sont travaillés les sols ? Comment accompagne­r les viticulteu­rs dans leur transition écolo

gique ? » , témoigne cette Angevine de coeur très suivie sur Instagram (19 000 followers).

Chez Racines NY, elle relooke la carte des vins définie à l’origine par Arnaud Tronche. Une carte internatio­nale, bien pourvue en vins français. Jura, Beaujolais et grands blancs de Loire sont tendance à New York, de même que les vins du Rhône nord et de Corse. Ceux d’Alsace et du Sud-Ouest sont moins demandés. « Mais je m’en occupe et passe beaucoup d’Elian Da Ros, Cosse Maisonneuv­e, domaine du Pech ou Camin Larredya » , assure-t-elle. Et les bordeaux ? « Il y a une demande, nous servons soit des vieux millésimes, soit des bordeaux nouvelle tendance : Paul Barre, Closeries des Moussis, Château du Champ des Treilles ou le très biologique Château Massereau… » Un lieu et une sommelière engagée à découvrir très vite ! 

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