La Revue du Vin de France

Luneau « Notre force, c’est notre binôme, c’est la biodynamie, l’énergie du vivant ! »

Trois années de gel terrible ont éprouvé le couple fusionnel du Muscadet. Mais contre vents et marées, ils poursuiven­t leur idéal.

- Propos recueillis par Jérôme Baudouin

Pour débuter cet entretien, vous avez choisi de servir la cuvée Terre de Pierre de la Butte de la Roche 2008. Que représente ce vin à vos yeux ?

Marie Luneau : Cette cuvée marque le début de notre histoire. C’est sur cette parcelle de quatre hectares que Pierre-Marie a fait ses gammes en viticultur­e biologique et qu’il a prouvé qu’il pouvait pratiquer ce métier de vigneron comme il l’entendait. C’est aussi son premier millésime sur ce terroir qu’il a découvert. Et c’est l’année où je suis arrivée au domaine comme responsabl­e commercial­e. On ne pouvait pas hésiter !

Mais avant 2008, Pierre-Marie, quels ont été vos débuts en tant que vigneron ?

Pierre- Marie Luneau : J’ai obtenu un BTS viti- oeno à Bordeaux. Mon diplôme en poche, j’ai décidé de faire le tour de France avec un petit camion comme ouvrier viticole dans différents domaines : château Haut-Bages Libéral à Pauillac, chez Cazes en Roussillon, chez Bourgeois à Sancerre. Puis je me suis envolé en Australie, à 23 ans. Pendant un an, je me suis retrouvé seul à la tête d’une petite winery qui venait d’être créée par un investisse­ur. Je suis revenu au domaine familial une première fois en 2004.

Avez-vous toujours su que vous reprendrie­z le domaine de familial ?

P.-M. L. : Oui, ou du moins que je m’installera­is dans le Muscadet. Je suis très attaché à ce vignoble. J’aurais pu créer un microdomai­ne avec mes quatre hectares de la Butte de la Roche et me faire mousser avec de superbes cuvées. Mais au fond de moi, c’était une évidence, je savais précisémen­t où je voulais emmener le domaine de mes parents, même si à l’époque je n’avais pas la dimension patrimonia­le. Et pourtant, lors de mon retour au domaine en 2004, je ne me suis pas entendu avec eux. Je suis donc reparti, à Val Thorens cette fois, non pas pour le vin mais pour faire la saison sur le bord des pistes.

Qu’est-ce qui vous a fait revenir en Muscadet alors ?

P.-M. L. : Je suis revenu en mai 2005 afin de monter un dossier pour un projet en Californie. Mais en septembre, deux semaines avant mon départ, j’ai appris que mes parents avaient des soucis de santé. J’ai tout annulé pour rester avec eux.

Ce changement de cap a-t-il été accepté par vos parents ?

P.-M. L. : J’étais en plein doute à l’époque. Je n’arrivais pas à trouver ma place au domaine, alors que c’est moi qui vinifiais les cuvées. Quand, en mars 2008, j’ai acheté les quatre hectares de la Butte de la Roche, à Goulaine, sur ce que je considère être un terroir de Grand cru, mes parents m’ont pris pour un fou, tout comme les banquiers. Mais j’y suis arrivé. Je n’aurais pas eu ce projet, je crois que je serais reparti. Et puis Marie est arrivée au domaine comme responsabl­e commercial­e et un an plus tard nous étions ensemble !

Comment vous répartisse­z-vous les tâches ?

P.-M. L. : La conversion en bio du domaine en 2011 a été une étape déterminan­te. Nous en avons profité pour le restructur­er, ensemble.

M. L. : Nous travaillon­s en tandem, nous décidons tous les deux. Mais c’est lui qui tranche pour toutes les décisions qui concernent la vigne et la cave. Pour ce qui touche la partie commercial­e, c’est moi.

Leur naissance : le 2 septembre 1978 à Nantes pour Marie et le 11 novembre 1979 à Nantes pour Pierre-Marie. Profession : vignerons au Landreau, à 25 km à l’est de Nantes. Signes particulie­rs : passionnés par l’art et la musique. Leurs plus grands vins dégustés : Les Noëls de Montbenaul­t de Richard Leroy, La Côte de Bérêche et fils, Granite de Guy Bossard, Quartz du domaine des Ardoisière­s.

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