La Revue du Vin de France

Vins “nature” : on veut plus de précisions !

- Norbert Fouques norbert.fouques@orange.fr Alexis Goujard

Les vignerons les plus talentueux ne cessent d’explorer les limites de leur art et d’innover dans leurs pratiques. Si cette recherche conduit souvent à des vins de meilleure qualité et plus faciles à boire sans attendre des décennies, il y a des ratages et des changement­s de caractéris­tiques qu’un amateur, même éclairé, est incapable d’explorer, surtout avec l’augmentati­on significat­ive des prix des meilleurs vins. C’est principale­ment pour cela que je lis avec avidité vos commentair­es. Pourtant, derrière vos commentair­es, il est de plus en plus difficile de percevoir les déviations du standard historique d’une appellatio­n.

Le plus caricatura­l est sans doute la mode des vins “nature”. On se retrouve à acheter des bouteilles à 50 € et plus où le vin, manifestem­ent de grande qualité, est masqué par des arômes fermentair­es qui rappellent l’odeur des vieux cidres restés en foudres quatre ou cinq ans. Vous les avez peut-être goûtés au fût avant cette refermenta­tion en bouteille. Mais pour l’amateur, c’est de l’argent gaspillé.

J’anime un club d’oenologie et je préparais une session sur les meilleurs rosés. Je me suis appuyé sur votre article en sélectionn­ant les meilleurs (La RVF n° 633, juillet/août 2019). Je suis allé les chercher sur place. L’un des plus chers, que je n’ai pas pu goûter à la propriété, était “nature” et très marqué par ces arômes fermentair­es… D’où ma désillusio­n. Avez-vous une explicatio­n ? Longue vie à La RVF !

La RVF. Cher ami lecteur, vous ayant contacté après avoir reçu votre courrier, je sais que vous évoquez là le rosé Petra de Dominique Hauvette (IGP Alpilles), très bien noté dans notre dégustatio­n, ainsi que le Gris Bodin de Patrice Colin, en Coteaux du Vendômois. Très peu protégés en SO2, ces vins peuvent en effet surprendre à l’ouverture par leurs arômes très “nature”. Ce sont des rosés qu’il faut parfois dégazer en les aérant en carafe avant service. Peut-être devrions-nous souligner de façon plus explicite dans nos commentair­es le caractère “nature” de certains vins, tout comme leur niveau de sucre résiduel. À l’inverse, il sera aussi intéressan­t de signaler la sensation parfois gênante laissée par les sulfites ajoutés à certains vins dits convention­nels. Nous allons y réfléchir afin de nous améliorer.

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Les arômes des vins “nature”, tels ceux de Dominique Hauvette dans les Alpilles, peuvent surprendre.

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