Vins “nature” : on veut plus de précisions !
Les vignerons les plus talentueux ne cessent d’explorer les limites de leur art et d’innover dans leurs pratiques. Si cette recherche conduit souvent à des vins de meilleure qualité et plus faciles à boire sans attendre des décennies, il y a des ratages et des changements de caractéristiques qu’un amateur, même éclairé, est incapable d’explorer, surtout avec l’augmentation significative des prix des meilleurs vins. C’est principalement pour cela que je lis avec avidité vos commentaires. Pourtant, derrière vos commentaires, il est de plus en plus difficile de percevoir les déviations du standard historique d’une appellation.
Le plus caricatural est sans doute la mode des vins “nature”. On se retrouve à acheter des bouteilles à 50 € et plus où le vin, manifestement de grande qualité, est masqué par des arômes fermentaires qui rappellent l’odeur des vieux cidres restés en foudres quatre ou cinq ans. Vous les avez peut-être goûtés au fût avant cette refermentation en bouteille. Mais pour l’amateur, c’est de l’argent gaspillé.
J’anime un club d’oenologie et je préparais une session sur les meilleurs rosés. Je me suis appuyé sur votre article en sélectionnant les meilleurs (La RVF n° 633, juillet/août 2019). Je suis allé les chercher sur place. L’un des plus chers, que je n’ai pas pu goûter à la propriété, était “nature” et très marqué par ces arômes fermentaires… D’où ma désillusion. Avez-vous une explication ? Longue vie à La RVF !
La RVF. Cher ami lecteur, vous ayant contacté après avoir reçu votre courrier, je sais que vous évoquez là le rosé Petra de Dominique Hauvette (IGP Alpilles), très bien noté dans notre dégustation, ainsi que le Gris Bodin de Patrice Colin, en Coteaux du Vendômois. Très peu protégés en SO2, ces vins peuvent en effet surprendre à l’ouverture par leurs arômes très “nature”. Ce sont des rosés qu’il faut parfois dégazer en les aérant en carafe avant service. Peut-être devrions-nous souligner de façon plus explicite dans nos commentaires le caractère “nature” de certains vins, tout comme leur niveau de sucre résiduel. À l’inverse, il sera aussi intéressant de signaler la sensation parfois gênante laissée par les sulfites ajoutés à certains vins dits conventionnels. Nous allons y réfléchir afin de nous améliorer.