Jasnières et Coteaux du Loir
Du tuffeau au silex
Posé sur la rive droite de la Vallée du Loir, entre les communes de Ruillé-sur-Loir et Lhomme dans la Sarthe, le vignoble de Jasnières est planté entre 70 et 120 mètres d’altitude sur un coteau exposé au sud. Il se distingue par son relief entrecoupé de trois vallons, qui marquent fortement le paysage. Les pentes atteignent ici 15 % en moyenne.
Au-delà de Jasnières, sur une trentaine de kilomètres, de part et d’autre du Loir et de ses affluents, s’étend l’aire d’AOC Coteaux du Loir, plus vaste et hétérogène. Certains de ses secteurs ressemblent à Jasnières, notamment à Chahaignes (Coteau de Rasné).
« Dans son ensemble, le vignoble des Coteaux du Loir est plus venté et arrosé que celui de Jasnières, plus protégé du vent et de l’humidité venus du nord-ouest par la forêt de Bercé » , expliquent les vignerons et propriétaires du fameux domaine de Bellivière, Éric et Clément Nicolas.
Si la Vallée du Loir offre un paysage ouvert, les vallées secondaires sont plus étroites. Le vignoble est installé sur les coteaux et les rebords de plateau, aux sols issus du tuffeau du Turonien et des argiles à silex du Sénonien.
La région reçoit à la fois des influences océaniques et continentales (*) et bénéficie de la régulation thermique du Loir. Néanmoins, l’effet millésime est ici particulièrement marqué. Et selon le caractère de l’année, le chenin présente un visage plus ou moins doux. Certaines annéessonttellementpropicesaupasserillage ou au développement de la pourriture noble qu’il est très difficile d’élaborer des vins secs. « C’était le cas en 2015, racontent les Nicolas. On ne vendange que quand les raisins sont parfaitement mûrs et parfois, le degré potentiel s’est déjà envolé ! »
Pour leur part, Benoît et Adrien Jardin (Domaine Les Maisons Rouges) tiennent absolument à élaborer des vins secs. « Cela passe forcément par le tri, expliquent-ils. En général, nous ramassons les raisins destinés au vin sec aux environs de 13° potentiels. Les vins seront alors ciselés, avec une belle acidité. Mais si certaines grappes sont trop mûres lors des vendanges, on les laisse avancer dans leur maturation et on les garde pour l’élaboration des moelleux. »
LEBIENFAITDESMICROCLIMATS
Au-delà du climat, le caractère de la parcelle joue sur le potentiel de maturation des raisins. À l’instar du Haut-Rasné, un lieu-dit de la commune de Chahaignes (AOC Coteaux du Loir) dont les sols se composent d’argiles à silex sur tuffeau
« C’est un secteur très protégé et apte à prendre la pourriture noble, confie Éric Nicolas. C’est confiné, humide et chaud.
A contrario, dans Les Roches, la parcelle est ventilée car la Vallée de la Dême n’est pas protégée par la forêt. Et là, le botrytis ne s’installe pas. »
Certains microclimats sont ainsi voués à exprimer leur caractère propre dans la bouteille, comme avec le Haut-Rasné du domaine de Bellivière. D’autres sont assemblés, tantôt parce qu’ils se ressemblent, tantôt parce qu’ils se complètent.
Au domaine Lelais, la cuvée Le SaintVincent vient d’une première trie manuelle des raisins les plus mûrs dans la parcelle Les Gargouilles et le bas de Sous les Bois (Ruillé-sur-Loir). « Ces îlots sont choisis car ils sont plus précoces, souligne Claire Lelais. Certaines années, nous sélectionnons aussi pour cette cuvée des rai
Certaines années, il est très difficile d’élaborer des vins secs
sins sur un coteau de Lhomme, au sol plus calcaire et pierreux : Les Gidonnières. » La cuvée Traditionvientd’undeuxième passage à la machine.
La famille Jardin regroupe dans sa cuvée Dans les Perrons les raisins des parcelles de perrons, des sols issus de roches siliceuses et de conglomérats. Ces sols influent en effet beaucoup sur la cinétique de maturation. Le potentiel de vigueur est faible. Et les perrons peuvent former de grandes dalles dans le sous-sol qui gênent les racines dans leur progression vers la réserve hydrique associée au tuffeau. Ainsi, la contrainte hydrique peut être forte.
Parmi ces parcelles de perrons, La Fontenelle se trouve en haut de butte, dans le prolongement est du coteau de Jasnières. Ouverte et balayée par les vents, elle a des sols limono-argilo-sableux, très riches en silex et quartz.