Le courrier des lecteurs
J’ai apprécié l’article de Romain Iltis sur les Grands crus d’Alsace. Très structuré et documenté, il apporte un éclairage novateur et actualisé sur l’évolution des vins de cette contrée (La RVF n° 634, novembre 2019). Une petite méprise s’est toutefois glissée à propos du Grand cru Schlossberg, à Kientzheim. Vous écrivez que, dès 50 avant notre ère, l’empereur Probus y aurait planté des vignes. Or, l’Empire n’a débuté qu’en - 27 avec Octave Auguste. Probus, lui, n’a été empereur qu’à la fin du IIIe siècle de notre ère. Il est vrai que Probus compte dans l’histoire du vin : il a libéralisé la culture de la vigne en Gaule et en Pannonie, l’actuelle Europe centrale, alors qu’un édit promulgué deux siècles plus tôt interdisait la plantation de nouvelles vignes dans l’Empire pour assurer des débouchés aux vins italiques vers le Nord. Il est peu probable qu’un vignoble ait été planté à si haute époque (50 avant notre ère) sur les coteaux alsaciens : la Gaule venait à peine d’être conquise par Jules César, mais n’était pas encore pacifiée. D’après les dernières recherches archéologiques, la culture de la vigne en Alsace s’est d’abord développée en plaine et en semi-coteaux entre le Ier et le IVe siècle suite à l’installation de migrants en provenance de l’Empire. Elle s’est tournée plus tard vers les collines proprement dites entre les Xe et XIVe siècles. Le Schlossberg ne faisant pas exception à ce développement plus tardif, d’autant qu’au Moyen Âge, autour d’un château fort, l’espace était nettoyé de toute végétation pour des raisons évidentes de sécurité.
Teresa Vilan
Magny-en-Vexin (95)
La RVF. Chère madame Vilan, merci pour cette utile mise au point historique. C’est en effet une erreur d’accorder à Probus la paternité des vignes du Schlossberg. Les Romains, arrivant en Alsace vers - 50, découvrirent une contrée où la vigne prospérait déjà, mais à l’état sauvage. C’est sous leur égide que la vigne fut domptée puis cultivée dans la région, notamment pour désaltérer les nombreuses garnisons présentes dans cette zone frontalière.
Romain Iltis