Vu d’ailleurs
Avec le rythme de vie trépidant de la restauration new-yorkaise, il y a malheureusement trop peu de temps pour apprécier la lecture d’articles écrits. Je me suis donc tournée vers les podcasts du vin, appelés les winecasts.
Toujours à un clic d’oreille, gratuits et pas ou peu rémunérateurs (donc faits par des passionnés), ils ont une vraie liberté de ton. Aujourd’hui, il y en a pléthore, mais certains ont vraiment une qualité de programmation et de production remarquable. Voici une liste de ceux que j’écoute régulièrement, en anglais et en français – il est intéressant d’ailleurs de noter l’influence des styles nationaux dans leur réalisation. Je les classe en deux grandes catégories : “talk” et institutionnels.
En mode “talk” (inspiré des talk-shows américains), le
podcast le plus complet aujourd’hui pour comprendre l’histoire contemporaine du vin est sans nul doute
I’ll Drink to That !, créé en 2012 par Levi Dalton, ancien sommelier d’étoilés new-yorkais. Très fin esprit critique, excellent intervieweur, il s’entretient avec des personnalités de toute la filière, livrant à chaque fois à l’auditeur une mine d’informations. Aubert de Villaine, Christian Moueix, Jancis Robinson ou encore Michel Lafarge sont passés par son micro. Cela vaut d’apprendre l’anglais juste pour les écouter ! Encore dans la langue de Shakespeare,
Interpreting Wine par Lawrence Francis se veut accessible au néophyte via des épisodes de 30 mn souvent groupés en thèmes creusant des sujets comme les vignerons d’Autriche ou le jerez. En France, La Terre à boire deRomain Corler, avec des chroniqueurs variés, offre une écoute sensible mêlant conversations au ton libre et dégustations. Enfin, pour des entretiens plus intimistes, deux me plaisent : le jeune Le Bon grain de l’ivresse, aux interviews les pieds dans la vigne, et Les Sourires du vin du caviste-restaurateur Yann Diologent.
Parmi les podcasts “institutionnels”, j’en retiens deux, excellents. Le premier, La Cité du vin, propose à l’écoute les conférences de très haute volée organisées à Bordeaux sur des sujets pluridisciplinaires tels que “Vin, droit et santé”, “L’origine des cépages” ou encore “Le vin dans l’oeuvre de Houellebecq”. Les grands entretiens sont aussi remarquables. Le second, GuildSomm, le site de référence pour la formation des sommeliers américains au Master Sommelier, où Masters of Wine, producteurs, chercheurs et sommeliers sont invités à partager leur savoir en répondant au très pédagogue Geoff Kruth.
Cette liste ne serait pas complète sans la radio, qui offre aussi de très bonnes émissions en replay. Je me régale d’On va déguster, sur France Inter, par François-Régis Gaudry, avec les interventions impertinentes et euphorisantes des différents chroniqueurs de la rubrique vin. Et je n’oublie pas non plus In Vino d’Alain Marty que j´écoute depuis mes débuts de sommelière.
Des voix riches, des angles variés portés par des passionnés, les winecasts revitalisent la parole du vin, montrant la richesse et la diversité du vin comme univers culturel à part entière. Consommez-les donc sans aucune forme de modération !
« Toujours à un clic d’oreille, gratuits, faits par des passionnés, les winecasts ont une vraie liberté de ton »
Par Pascaline Lepeltier Sommelière-associée du bistrot-gastro Racines NY à New York. Meilleur ouvrier de France (MOF).