À Bordeaux, la Cité du Vin vous invite à trinquer à la santé des dieux
Dès l’Antiquité, le vin était le véhicule idéal pour communier avec le divin et l’art en est le grand témoin.
Décalée de quelques semaines pour cause de coronavirus, l’exposition “Boire avec les dieux” doit ouvrir ses portes en juin prochain à la Cité du Vin, à Bordeaux. Elle retrace l’épopée culturelle du vin dans la civilisation gréco-romaine au travers de pièces archéologiques, d’ustensiles à boire, d’objets antiques mais aussi de créations artistiques contemporaines monumentales spécialement conçues par des street artistes de renom, MonkeyBird, Delphine Delas et Rouge.
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Au fil du parcours proposé par la Cité du Vin se précise une histoire d’hommes et de croyances qui n’a cessé d’évoluer pendant des millénaires, notamment par l’entremise de Dionysos, le dieu de la vigne et du vin.
Selon la légende, Dionysos serait né des amours de Zeus et de la mortelle Sémélé. C’est lui qui fit découvrir la vigne aux hommes et leur enseigna l’art d’en tirer le vin. En vérité, ce dieu plein de fougue et de vivacité a été associé à la pluie et à la croissance des plantes, incarnant la force végétale.
Au cours de ses recherches, l’historien Daniel Noël, spécialiste des religions de la Grèce antique, a maintes fois étudié les origines mythologiques du vin, réparties entre OEnopion, le fils de Dionysos, à Chios, Dionysos et le berger à Tyr, Dionysos et Icarios à Athènes (*).
Le dieu du vin participe ainsi à l’expansion politique du vin et à son essor commercial dans le monde antique. La cité d’Athènes, par exemple, intégrera le vin dans son système social sous de multiples formes, notamment par le biais des fêtes dionysiaques.
DESPERSESÀDIONYSOS
Au travers de cette exposition, la Cité du Vin s’attache donc à révéler les liens étroits tissés par la civilisation grécoromaine entre le nectar divin et les hommes. La présentation d’une cinquantained’oeuvresantiquesexceptionnelles provenant des musées du Louvre et d’Athènes permettra d’admirer les nombreuses représentations artistiques de Dionysos et la richesse des rituels et banquets qui lui sont associés.
Rappelons toutefois que si Dionysos, Bacchus pour les Romains, demeure en Occident lié à la part divine du vin et à l’ivresse, d’autres civilisations ont également usé de boissons fermentées, désinhibitrices et souvent élitistes pour approcher les dieux.
Les peuples indo-européens produisaient un breuvage euphorisant nommé soma. Mentionné dans le Rigveda, l’un des quatre grands textes canoniques de l’hindouisme rédigé entre 1 500 et 900 avant notre ère, il est utilisé comme élixir d’immortalité et offert en sacrifice aux dieux. Tout comme le haoma des Perses. Fidèles et prêtres buvaient cette boisson hallucinogène issue de l’ephedra, une plante sacrée, mélangée à de l’eau ou du lait, pour communier avec les dieux. (*) Le vin mélangé entre Dionysos et la cité, Daniel Noël, Pallas, 1998. www.laciteduvin.com