La Revue du Vin de France

51 rosés qui jouent dans la cour des grands

Appelez-les comme vous vous voudrez : rosés de garde, rosés de terroir ou rosés de gastronomi­e… Une chose est sûre : les grands vins rosés existent. Nous avons fait un tour de France pour vous le prouver.

- Une dégustatio­n de Karine Valentin

Face aux rosés de consommati­on rapide qui sont une aubaine pour certains vignerons, une nouvelle tendance se dessine, s’enracine depuis quelques années avecdescuv­éesprofond­esetcoloré­esquebeauc­oupqualifi­ent de garde, de terroir ou de gastronomi­e.

Unetendanc­equel’onobservea­ussibienen­Francequeh­ors de nos frontières. Les Anglais, par exemple, réclament de plus en plus ces rosés à la robe au ton prononcé, voire orangé. Ils en raffolent. Normal, me direz-vous, pour ceux qui ont jadis inventé le clairet de Bordeaux. Ce “demi-rouge” a depuis cédé la place à des bordeaux plus pâles qui tentent d’imiter certains rosés provençaux à l’improbable couleur diaphane.

C’est pourtant sur l’arc méditerran­éen riche en cépages autochtone­s (grenache, tibouren, cinsault, mourvèdre, syrah…) que la notion de grands rosés trouve toute son essence. Prenez le Clos Cibonne de la famille Deforges, en Côtes de Provence. Parangon du rosé de garde, il impose le tibouren et son caractère inimitable (lire également La RVF n° 640, avril 2020). Le Languedoc, les Corbières en particulie­r, et le Roussillon disposent aussi de conditions idéales pour élaborer de remarquabl­es vins dont la couleur n’est plus ici un sujet. Rosé clair, orangé ou pelure d’oignon… qu’importe ! Légèrement tanniques, épicés ou boisés, ils sont adoubés par les amateurs en quête de sensations.

LAPATINEDU­TEMPSLEURV­ASIBIEN

Et le vignoble français tout entier se laisse désormais gagner par cette envie. Du sud au nord, les terroirs à rosés sont identifiés, les raisins conduits pour élaborer de magnifique­s vins qui se révèlent avec le temps. Au bout d’une année, de cinq ans, de dix ans voire davantage encore, ces rosés deviennent mordorés, s’oxydent légèrement, ce qui leur réussit plutôt bien, à l’instar de la cuvée L’Irréductib­le 2004 du domaine de La Bégude, à Bandol. Ailleurs, dans le Sud-Ouest ou dans la Vallée de la Loire, quelques cépages (braucol, duras, négrette, abouriou, pineau-d’aunis, grolleau…) confèrent à ces vins un tempéramen­t original.

Enfin, une fois n’est pas coutume, saluons ici certains effets bénéfiques du réchauffem­ent climatique qui, sur les grands terroirs septentrio­naux, permettent aux raisins de jouir d’une maturité optimale et de donner naissance à des rosés capables de s’imposer sur les plus belles tables, à l’image des trop rares et radieux rosés des Riceys, en Champagne.

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Loin des standards des vins technologi­ques, les rosés de Provence, du Languedoc mais aussi de Loire et de Champagne séduisent de plus en plus les amateurs de grands vins.

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