CHÂTEAU LES CARMES HAUT-BRION 2013 Une très belle leçon de vie
Le vin est un produit magique qui apporte non seulement le plaisir, mais livre aussi des enseignements. Voici une leçon que j’ai apprise d’un grand vin de Pessac-Léognan : ne jamais abandonner, l’espoir vient souvent d’un désespoir.
C’était au printemps 2014, le temps était humide et sombre, j’allais déguster les vins primeurs 2013 de Bordeaux. Au fil
de la dégustatio n, je compris que c’était un millésime très difficile. Je tournais entre les différentes appellations et mon humeur était grise comme le ciel. Tout à coup, je fus rattrapé par un cru non classé : ce vin dévoilait une fraîcheur végétale bien agréable qui me fit penser à la vendange entière. Pour moi, c’était une nouvelle expérience sur la Rive gauche. Le fruit, éclatant et juteux, révélait l’élégance inoubliable du cabernet franc. Je fus touché par ce vin, je sentais un grand potentiel.
C’est le premier millésime où le château Les Carmes Haut-Brion a utilisé davantage de cabernetfrancquedemerlotdanssonassemblage. Depuis, la qualité de ses vins s’améliore année après année, et tout particulièrement en 2015 et 2018. Retour sur le passé, Château Les Carmes Haut-Brion 2013 nous a apporté une nouvelle possibilité et peut être un nouveau style, mais aussi un nouvel espoir. A. M. enchères. J’ai acheté une caisse de douze bouteilles à un prix très modéré. La dégustation du premier flacon fut à la hauteur de mes attentes. Quel vin ! Un haut-médoc ultra racé et classique, aux senteurs de cèdre, de cigare qui impressionnait surtout par son allonge et sa fraîcheur en bouche.
Il me vint alors deux questions : pourquoi cet immense vin ne jouissait-il pas, sur le plan international, d’une plusgrande réputationet pourquoi la cote de ce 1990 était-elle si raisonnable au regard de la qualité du vin ? Sociando est une marque largement diffusée en France (et au Benelux). Jean Gautreau, homme visionnaire qui fut si habile pour produire, dès les années 80, des vins de très haut niveau, n’eut pas le même engagement pour communiquer. Finalement, tant mieux pour l’amateur-buveur que je suis, j’ai ainsi pu continuer à acheter Sociando à un prix accessible. O. Pls
dégustation à l’aveugle. Une dizaine de grands noms du vignoble français, mais parmi eux, le Château Margaux m’avait frappé, sans savoir ce que je buvais ! Ce vin qui avait évolué pendant une vingtaine d’années m’a fait découvrir des notes d’encens, de mine de crayon que je n’avais jusque-là jamais croisées : une révélation ! J’ai alors observé les dégustateurs avertis ; très vite, ils ont reconnu la patte élégante de ce château, mais les hésitations portaient sur le millésime.
C’était pour moi le premier vrai verre d’un grand cru classé et il était né en 1982, comme moi. Quelle chance d’appréhender ces vins par leur potentiel de vieillissement ! Il ne me restait plus qu’à visiter le Médoc, mais les moyensdetransportdel’AlsaceversBordeaux étant rares ou très longs à cette époque, c’est une région que je ne connaissais pas et que j’allais découvrir trois ans plus tard seulement, lors de Vinexpo 2007. C. F. versaire, il m’a offert une vieille bouteille de Rauzan-Ségla dont le millésime est resté inconnu car son étiquette était très abîmée. Je l’ai conservée en attendant de la boire pour une belle occasion.
Mafemmemeditsouvent: « Le vin est ton seul romantisme » . J’avoue ne pas être très romantique, et à part lui offrir de belles bouteilles, je n’ai pas d’autres idées de cadeau. J’ai donc décidé d’ouvrir ce mystérieux flacon pour fêter la Saint-Valentin. Au dîner, fébriles et intrigués, nous voilà prêts à vivre cette nouvelle aventure. J’ai décanté le vin à l’avance, une inscription sur le bouchon a fini par dévoiler son millésime : 1983. Son expression aromatique était tendre et délicate. Il offrait une attaque douce de poivron grillé et de pétale de rose séché, les fruits noirs séduisants s’intégraient dans la forêt où les sous-bois se trouvaient partout. La bouche s’exprimait dans une harmonie de finesse et d’ampleur qui se terminait dans une texture raffinée et veloutée. À la lumière de la bougie, ce verre de Château Rauzan-Ségla 1983 était parfait. Le romantisme a sûrement parlé aussi.
À mon avis, ce millésime à Margaux a été sous-estimé dans les pays asiatiques, le charme de 1983 étant caché derrière le légendaire 1982. J’aurai plaisir à partager mes impressions avec vous quand l’occasion se présentera à nouveau de déguster des margaux 1983. Tchin ! A. M.