La Revue du Vin de France

Un voyage au pays de la race “lafitienne”

CHÂTEAU LAFITE ROTHSCHILD 1959

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Parmi les Premiers crus classés du Médoc, Lafite Rothschild est parfois le plus distant, un sphinx qui vous impression­ne. En 1999, Éric de Rothschild et Charles Chevallier me reçoivent avec Jo Gryn, ami et complice, lui pour un journal bruxellois, moi pour La RVF. Ils nous ont préparé une dégustatio­n verticale qui restera à jamais dans nos mémoires : 22 millésimes de 1959 à 1998, un voyage au pays des plus grands.

Les millésimes se succèdent, avec leur lot de confirmati­ons ou de surprises. Il y a les petites années comme 1980, 1984 ou 1987, avec des matières légères mais toujours cette élégance aristocrat­ique, un peu hautaine, qui constitue l’ADN du cru – « des Lafite pour le déjeuner » , dit Éric de Rothschild avec malice. Il y a les superbes réussites telles 1988, 1989 et 1990, un trio d’anthologie. Il y a les sommets comme le 1996, avec un équilibre parfait entre un fruité opulent et une fraîcheur follement vibrante. Il y a enfin le vin d’anthologie, comme on en rencontre peu dans sa vie de dégustateu­r : le 1959 que, ce jour-là, Éric de Rothschild avait préféré au 1961.

Je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager mon commentair­e de l’époque (La RVF n° 447, janvier 2000) : « Comment décrire l’indescript­ible ? Le nez s’avère exceptionn­el, avec une gamme de fruits confits, d’épices, de minéral, de truffe et de bois précieux, un condensé de la race “lafitienne”. La bouche présente encore une densité de matière, une richesse profonde, une trame de velours, des tanins d’anthologie, une longueur qui n’en finit pas de finir sur un feu d’artifice aromatique. Un très grand Lafite qui résout l’impossible équation : puissance et finesse peuvent se conjuguer ». Fermez le ban! P. C.

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