Larenaissanced’uneréalitéoubliée
he project is on in Los Angeles ! »
Pascaline Lepeltier
Sommelière -associée du bistrot-gastro Racines NY à New York. Meilleur ouvrier de France (MOF).
Avec la création de la Los Angeles River Wine Company avec les “scythes” Raj Parr et Christina Rasmussen, Abe a plus que d’habitude toute mon attention. Il n’en est pas à son coup d’essai avec les urban wineries. Depuis 2008, il covinifieàRedHookWinery,àBrooklyn,undespremierschais urbains des États-Unis avec vue sur la Statue de la Liberté et raisins achetés à Long Island et aux Finger Lakes. Mais le projet de L.A. est différent. Il fait renaître une réalité commerciale oubliée de la fin du XIXe siècle, celle de la production de vin intra-muros à une métropole cosmopolite.
Los Angeles attira Abe initialement car il voulait une tasting-room et une clientèle plus à même d’apprécier ses dégustations-discussions-performances, mais la ville s’imposa lorsqu’il redécouvrit son incroyable passé viticole dédaigné, ses immenses chais d’époque reconvertis en garage ou galerie d’art dans la banlieue est, et, plus que tout, ses vignobles centenaires dont un abandonné dans une réserve indienne depuis des décennies, où les vignes ont vigoureusement survécu, certaines poussant par pépins.
Vinifiées le plus artisanalement possible, ces cuvées parcellaires dont Mira Loma (qui allait par le nom de Wineville jusqu’en 1930) et Temecula viennent d’être embouteillées. Je n’ai jamais rien dégusté de tel, notamment Lone Wolf, le vin provenant du vignoble délaissé : une sensation de fruit mais surtout de plante, une énergie folle mais sereine, un goût que je ne connais pas. Preuve que la vigne est des plus résilientes, que terroirs et marchés sont intrinsèquement liés. Et je me dis en reprenant une gorgée du vin que nous avons beaucoup à apprendre de ces rescapés de l’histoire. Cheers, Abe !
P. S. : The City of Vines : A History of Wine in Los Angeles, de
Thomas Pinney est le livre de référence sur le sujet.