Des nouveaux dans le radar
Longtemps discrète dans les ventes, la Vallée de la Loire sort de l’ombre. Comme la plupart des vignobles hors du trio classique (Bordeaux, Bourgogne, Rhône), elle s’illustre au travers de grandes figures qui ont su braquer les projecteurs sur leur production : les frères Foucault à Saumur-Champigny, Didier Dagueneau à Pouilly-Fumé, la famille Cotat à Sancerre, Huet et Foreau à Vouvray, Jacky Blot et François Chidaine à Montlouis, Nicolas Joly à Savennières…
Le Clos Rougeard garde la tête des palmarès (son rare coteaux-de-saumur liquoreux 1997 a été adjugé 557 €), talonné par les vins de Dagueneau et les vouvrays Goutte d’Or de Foreau (1990 : 442 €).
Ces vignerons talentueux ont aussi suscité une émulation dans leurs appellations. Une nouvelle vague de viticulteurs, souvent bio et voire même “nature”, apparaît dans le radar des ventes, dans la mouvance de Vatan à Sancerre (Clos de la Néore 2010 : 282 €) ou de Richard Leroy en Anjou (Les Noëls de Montbenault 2013 : 211 €).
Si beaucoup s’affranchissent des règles de leurs AOP, leurs vins passionnent les amateurs du monde entier. Stéphane Bernaudeau en est l’une des têtes de pont (Les Terres Blanches 2018 : 147 €), et des noms nouveaux comme Olivier Lejeune (Poïèsis 2018 : 74 €) s’affirment. Les Jardins Esméraldins de Xavier Caillard figurent ainsi au sommet des vins de France adjugés en 2019 (cuvée Genèse 2006 : 562 €). Plus aucun recoin de la Loire n’échappe à cet engouement, même Bourgueil (Clos Nouveau 2014 du domaine du Bel Air : 92 €) et le Muscadet tiennent leur revanche sur ceux qui n’y voyaient que des vins de comptoir.
Avec 5 % des volumes échangés aux enchères en 2019, la Loire a représenté, en valeur, 3 % des ventes. Cette région resteunevraiemined’orpourl’amateur.
Si le domaine de Trévallon a été acquis en 1955 par l’artiste René Dürrbach, c’est grâce son fils Éloi qu’un vignoble y a été créé au début des années 70.
Situé sur la commune de Saint-Étienne-du-Grès, près de Saint-Rémyde-Provence, le site de Trévallon est extraordinaire, un mélange de garrigues et de rochers calcaires, sur de petites parcelles qui entourent la cave.
Pour ses rouges, Éloi Dürrbach a fait le choix d’une répartition à parts égales entre cabernet-sauvignon et syrah, ce qui lui vaut un refus d’homologation en Baux-de-Provence lors de la création de l’AOC en 1993. Le vin sera donc étiqueté en Coteaux d’Aix-en-Provence jusqu’en 1996.
Est-ce l’effet collector ? Dans le millésime 1990, ce vin a récemment été adjugé 221 € (+ 35 %). Les millésimes matures sont rarement adjugés sous le seuil des 100 € (2000 : 109 €, 2001 : 103 €). Si les étiquettes sont toujours illustrées avec des oeuvres de René Dürrbach, elles portent désormais la mention IGP Alpilles.
Après des mois de frénésie, la fièvre retombe sur les grands blancs de Bourgogne parvenus à des niveaux de prix records. L’annonce d’une accalmie, touterelative,ferasourireceuxquibénéficient d’allocations. Mais tout de même : on a vu pour la première fois depuis des lustres les cours de s’assagir À Meursault, même tendance pour les domaines Arnaud Ente (1er cru Goutte d’Or 2009 : 639 €, -25 %), Roulot (1er cru Porusot 2005 : 282 €, - 25 %). Du côté des pinots noirs, si les prix restent élevés en Musigny, des signatures telles que Mugnier ou Jacques Prieur se stabilisent.
À Bordeaux, les millésimes dits moyens offrent de belles occasions de s’offrir le plaisir de partager des flacons prêts à boire : Léoville Las Cases 2002 (123 €, - 20 %), Léoville Poyferré 2004 en magnum (123 €, -16 %), Grand-PuyLacoste 2004 : 41 € (- 10 %), SociandoMallet 1997 (31 €, -8 %).