La vie rêvée des influenceurs sur Instagram
Ces jeunes gens s’emparent du vin et collectionnent les abonnés
Elle tient haut son verre, comme pour trinquer avec sa communauté, et son sourire traduit son plaisir d’être là. Devant la jeune femme, six bouteilles de Château La Lagune lui font une haie d’honneur et accentuent sa position au centre de l’image. Sur cette photo Instagram, Georgia Panagopoulou, alias Wine Gini, immortalise la verticale préparée à son attention, dans le Médoc, par ce troisième cru classé en 1855. Est-ce la jeune femme qui célèbre le vin du château, ou l’inverse ?
Les deux, bien sûr. Car sur ce réseau social où le visuel est roi, la mise en scène n’est pas innocente. Et l’objectif de Wine Gini consiste à faire coup double : promouvoir d’un même geste son propre compte et le château qui l’accueille.
À 31 ans, cette Athénienne maîtrise l’exercice.
Elle est en effet l’instagrameuse vin la plus populaire dans le monde. Quelque 110 000 followers (abonnés) suivent avec attention chacune de ses pérégrinations, toujours un verre à la main. Une vaste communauté qui donne envie aux domaines de s’y montrer. Cela tombe bien car Wine Gini, qui dispose d’un diplôme WSET niveau 3, est à l’écoute des propositions de “partenariat”. « Je travaille comme ambassadrice de marque sur les réseaux sociaux pour des domaines viticoles, des agences et des institutions, je fais également de la stratégie à travers mon agence de marketing digital », détaille-t-elle.
Pas de doute, à travers Instagram, une nouvelle activité est en train de prendre forme dans le milieu du vin. En y partageant leurs coups de coeur auprès d’une communauté qui leur fait confiance, certains utilisateurs sans notoriété particulière au moment de l’ouverture de leur compte parviennent à gagner une forme d’influence, elle-même convoitée par les marques. Une évolution majeure dans un contexte où, désormais, l’achat d’une bouteille de vin est aussi déterminé par les réseaux sociaux. D’après le dernier baromètre Sowine/Dynata (2019), 36 % des Français qui achètent du vin au moins une fois par semaine ont déjà acheté des bouteilles recommandées par les réseaux sociaux. Une tendance qui n’a guère de chance de s’inverser, surtout en temps de Covid-19, de couvre-feu et de liberté de mouvement limitée.
Aujourd’hui, l’achat d’une bouteille est aussi déterminé par les réseaux sociaux
UN LANGAGE ACCESSIBLE
Ils ou elles s’appellent Wine Gini, Dalkia Loves Wine, Wine Poetry, Simona Geri ou encore The London Wine Girl : autant de pseudonymes qui ne vous diront rien si vous n’êtes pas un habitué d’Instagram. Dommage… car derrière ces noms hermétiques s’activent des “influenceurs” qui racontent l’univers du vin différemment. Comment les définir ? Pour résumer, il s’agit d’une personne – souvent jeune – qui met en scène sa vie