Côte de Beaune : les éoliennes de la discorde
L’Association des Climats du Vignoble de Bourgogne est vent debout contre un projet de parcs éoliens qui défigureraient des vignobles classés.
« Ces éoliennes vont avoir un effet visuel massif qui va détériorer les lignes du paysage de la Côte de Beaune. » Gilles de Larouzière, président de l’Association des Climats du Vignoble de Bourgogne, ne mâche pas ses mots à propos du projet d’agrandissement de deux parcs éoliens au-dessus de la Côte de Beaune. « Cela impactera aussi la future Cité des vins et des Climats de Bourgogne. » Le bâtiment doit en effet être surmonté d’une terrasse culminant à 21 mètres. Et à Beaune, on imagine mal les visiteurs conclure leur parcours avec vue panoramique sur… un champ d’éoliennes.
Plus grave, les Bourguignons craignent que le Comité du patrimoine mondial ne voie d’un mauvais oeil cette atteinte à l’authenticité d’un paysage majeur. « Le comité nous avait déjà alertés sur ce risque lors de l’inscription », poursuit Gilles de Larouzière. C’est l’inscription même du site comme paysage culturel, obtenue en 2015, qui serait sur la sellette.
DES ZONES D’OMBRE INQUIÉTANTES
Plusieurs sites emblématiques de Bourgogne seraient ainsi impactés : la colline de Corton, les villages de Pommard, Auxey-Duresses, Meursault ou Beaune ; plus au sud, le Cirque du bout du monde près de Saint-Romain, le panorama de la montagne des 3 Croix, à Santenay, qui conclut la Côte de Beaune.
La sonnette d’alarme est donc tirée. La mobilisation a été lancée dès le dépôt par la société RES, poids lourd international dans le domaine des énergies renouvelables, de ces deux projets d’implantation. Le 27 novembre 2020, les résultats d’une contre-expertise ont révélé une « méthodologie contestable », « des zones d’ombre inquiétantes ». Les points de vue depuis les chemins de randonnées, par exemple, n’ont pas été étudiés… Pas plus que la pollution lumineuse nocturne.
En cause également, l’absence de concertation. La société RES semble n’avoir jamais consulté l’Association des Climats, coordonnateur de la gestion du site. Selon cette dernière, les cartes proposées ne matérialisent ni la zone inscrite au Patrimoine mondial, ni la zone dite “tampon”, espace aussi protégé.
Si l’Association des Climats se défend de toute velléité de « mise sous cloche » du site, elle en appelle à la vigilance des services de l’État. Il en va du respect des obligations internationales de la France à veiller « à la préservation et à la transmission d’un patrimoine à la valeur universelle inestimable ».