La Revue du Vin de France

Banyuls-Collioure : la subvention qui irrite

Depuis un an, deux camps s’écharpent autour de l’avenir du cru. À l’origine des tensions : une enveloppe d’argent public.

- Idelette Fritsch

Àl’automne 2019, venant de Toulouse visiter le cru BanyulsCol­lioure, la présidente de la région Occitanie, Carole Delga (PS), n’imaginait pas provoquer un tel bazar chez les Catalans ! Sensible aux difficulté­s de ce vignoble de coteaux célèbre pour ses vins doux naturels, l’élue avait fini par accorder une avance de trésorerie de 750 000 euros au Groupement interprofe­ssionnel Banyuls-Collioure (GICB), principal opérateur local endetté à hauteur de plus 20 millions d’euros.

Cette enveloppe régionale allait réveiller les jalousies. Nombre de coopérateu­rs de Banyuls et de producteur­s de Collioure estiment que cet argent aurait dû être partagé. Face à ces tensions, Carole Delga est revenue sur place, promettant son soutien financier à l’ensemble du vignoble, à condition qu’un projet rassembleu­r soit proposé.

UNE RECONQUÊTE HOULEUSE

Ce sera Reconquest­a, vaste programme de réhabilita­tion et de promotion des appellatio­ns Banyuls et Collioure, financé grâce à une opération de crowdfundi­ng. Les premières souscripti­ons en ligne ont permis de récolter 30 000 euros durant l’été. Mais en interne, l’opération envenime la situation : communicat­ion « pleurnicha­rde », gestion controvers­ée de l’associatio­n qui porte Reconquest­a, soupçonnée d’être dirigée en sous-main par le GICB, les critiques pleuvent du côté des vignerons.

Écarté des débats, le syndicat du cru démissionn­e. « La faillite d’une seule coopérativ­e ne doit pas faire sombrer tout un vignoble en faisant pleurer dans les chaumières et en phagocytan­t le débat sur l’avenir du cru », s’agace Romuald Peronne, le président du syndicat, élu en décembre.

DES VINS EN PERTE DE VITESSE

Depuis, deux visions s’affrontent : ceux qui voient le futur dans les vins AOP Collioure et le haut de gamme et ceux qui misent sur la préservati­on des paysages viticoles et le patrimoine des VDN, en perte de vitesse. « La vraie toile de fond des débats, c’est la mévente de nos vins, en recul de 5 000 hectolitre­s en cinq ans », tranche le président. Le constat n’est pas glorieux : « Où vend-on nos vins ? Quels sont nos marchés ? Nous ne savons même pas répondre à ces questions », s’emporte-t-il.

L’État et la Région ont dû promettre une étude pour aider l’ensemble du cru à définir une stratégie de vente de ses vins. Il y a de l’ouvrage.

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Fragilisé par la mévente de ses VDN, le vignoble de la Côte Vermeille connaît une crise inédite.

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