La Revue du Vin de France

Accord minute

- Par Olivier Poussier

Ronds ou longs, rouges, roses, jaunes, violets ou blancs, voire noirs, les radis que l’on trouve sur les étals des marchés dès le mois de mars possèdent, en fonction de leur couleur, plus ou moins d’intensité de goût et de piquant, le radis noir étant celui qui a le plus de caractère. C’est un légume faible en glucides, qui a de réelles vertus pour éliminer les toxines du corps humain ; il est réputé efficace contre les troubles hépatiques.

En France, les radis rouges sont particuliè­rement appréciés pour leur croquant avec une pointe de beurre salé et une tartine de pain croustilla­nt. Comme ils affichent un goût racinaire et une pointe de piquant, l’associatio­n doit se faire avec un vin incisif et pointu. Il faut privilégie­r des blancs ciselés, dotés d’une belle tension et acidité. Les cépages melon, chenin, sylvaner et aligoté, bien tranchants, sont ici recommandé­s. Ma suggestion ? Le bourgogne aligoté Les Chagniots 2019 de la maison Chanterêve­s. À la tête de ce négoce, Tomoko Kuriyama et Guillaume Bott proposent un aligoté provenant d’une vigne centenaire qui leur appartient. Sur le millésime 2019, ce vin affiche une justesse de bouche entre gras et tension qui s’accordera à merveille avec les radis beurre.

BULLES DÉLICATES ET CARPACCIO

Avec un carpaccio de cabillaud mariné à l’aneth et radis cru, le poisson se trouve rehaussé par

« La justesse de bouche de l’aligoté de Tomoko Kuriyama et Guillaume Bott, entre gras et tension, s’accorde parfaiteme­nt avec les radis beurre » Par Olivier Poussier Meilleur sommelier du monde 2000

le croquant et la persistanc­e de goût du radis. Sur ce plat, je vous recommande un superbe saké de la préfecture de Toyama, dans la région du Hokuriku, nommé Haneya Junmai Ginjo, élaboré par la brasserie Fumigiku Shuzo. C’est un nihonshu cristallin, pur, issu de la variété de riz Tominoka. Il tranche sur le poisson cru et va chercher le radis croquant en persistanc­e de bouche.

Une autre option, côté français cette fois, est d’accorder ce carpaccio à un champagne. Par exemple, avec le millésime 2012 de la cuvée Lieu-dit Brisefer, à Mareuil-lePort, élaborée par Jérôme Dehours. 2012 est un excellent millésime, le vin n’a pas fait sa “malo” et garde une formidable énergie ; c’est un chardonnay délicat, tactilemen­t ouaté, qui sied fort bien au poisson.

ÉPURE HONGROISE ET RADIS NOIR

Avec le radis noir, on monte d’un cran dans la sensation de piquant. Sur une rémoulade de radis noir et tourteau – une recette du chroniqueu­r culinaire Laurent Mariotte – dans laquelle coriandre fraîche et citron vert soulignent l’ensemble, je vous propose un joli vin épuré doté d’une sublime acidité : le merveilleu­x assemblage de hárslevelü, furmint et olaszrizli­ng hongrois de l’appellatio­n Somló cosigné par Kis Tamás et le domaine Moric nommé Project Nr 2 2019. Le vignoble de Somló est planté sur un sol volcanique et le vin transpire ce terroir avec un jus cristallin, à la fois minéral et salin. Longiligne, il s’associe bien à la chair iodée du tourteau et à la persistanc­e du radis. Un mariage particuliè­rement réussi.

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