QUEL VERRE POUR LES PINOTS NOIRS BOURGUIGNONS ?
Les connaisseurs le savent, la perception du vin dépend beaucoup du verre que l’on choisit. Nous testons ici sept verres “spécial Bourgogne” afin de distinguer les plus adaptés sur quatre grands pinots noirs de la Côte de Nuits.
La perception du vin dépend du verre que l’on choisit. Parmi sept verres “spécial Bourgogne”, nous distinguons les plus adaptés aux grands pinots noirs
Pour un même vin, les verres bousculent notre ressenti
Il ne fait aucun doute qu’un bon verre est au vin ce qu’une bonne acoustique est à la musique. La forme d’un verre a en effet un impact majeur sur la dégustation d’un vin, tant dans la perception des parfums que dans le ressenti des textures, des saveurs, sans que l’on ait d’explications scientifiques à avancer. Après un premier banc-test de verres consacré au champagne l’an passé (La RVF n° 641, mai 2020), nous poursuivons ici avec le pinot noir. Pour ce faire, nous avons choisi quatre vins dans un millésime récent, 2018, issus de quatre villages de la Côte de Nuits : Gevrey-Chambertin, Chambolle-Musigny, Vosne-Romanée et Nuits-Saint-Georges. Ces quatre “villages” signés par des vignerons qui font aujourd’hui référence en Bourgogne nous paraissant particulièrement représentatifs du style des vins de la Côte de Nuits, nous avons volontairement laissé de côté les Grands et Premiers crus.
Le premier vin est un gevrey-chambertin du domaine Jean Trapet Père et fils. Lumineux, il met en avant la force tellurique des vins de cette appellation. Le deuxième, un splendide chambolle-musigny, est signé par le domaine Perrot-Minot, implanté à Morey-Saint-Denis et riche d’une multitude de crus. Son “village” exprime toute la finesse et l’élégance de ce beau terroir. Le suivant est proposé par Emmanuel Rouget ; en digne héritier d’Henri Jayer, il élabore, avec plus de finesse que son oncle, un magnifique vosne-romanée valorisant à merveille le soyeux des vins de ce village. Enfin, riche, profond, avec une fantastique aptitude à la garde quel que soit le millésime, le nuits-saint-georges du domaine Confuron-Cotetidot est à même de vous faire changer d’avis sur l’austérité bien souvent attribuée aux vins de ce village, certes carrés mais droits dans leurs bottes.
SEPT VERRES EN LICE
Pour le choix des verres, nous avons sélectionné sept marques qui mènent une vraie réflexion autour du vin : Spiegelau, Riedel, Lehmann, Zalto, Sydonios, Schott Zwiesel et Royal Glass. À chacune, nous avons demandé de nous proposer le verre qui leur semblait révéler au mieux le pinot noir de la Côte de Nuits. Spiegelau, Zalto et Royal Glass nous ont présenté un seul verre ; les autres marques nous en ont suggéré plusieurs. Nous les avons testés en amont afin de choisir celui qui nous paraissait le plus approprié. Les vins ont été dégustés
dans les domaines, en présence de leur producteur. Pour chacun, nous avons débuté la dégustation avec les verres les plus larges et terminé par les plus étroits, ce qui a son importance. Enfin, il faut distinguer deux catégories parmi les sept verres en lice : les verres légers, soit mécaniques ou “soufflés bouche” de Spiegelau, Riedel, Lehmann, Zalto et Sydonios, et les verres mécaniques plus épais élaborés par Schott Zwiesel et Royal Glass.
LE STYLE DU VIGNERON MIS EN AVANT PAR LE VERRE
Quel constat à l’issue de cette dégustation ? Dans les verres larges (Zalto, Spiegelau, Sydonios), les vins se réchauffent légèrement plus vite et libèrent leurs parfums plus rapidement, si bien qu’au premier abord, le même vin peut paraître plus ouvert que dans un verre étroit (Lehmann, Riedel, Schott Zwiesel ou Royal Glass). Une fois la température identique dans les verres, le ressenti est différent : le poids prend plus d'importance. Les verres plus légers livrent un message souvent plus complexe mais qui ne sort pas toujours immédiatement.
Le plus étonnant demeure la variation de perception d’un verre à l’autre, tant dans le parfum que dans le toucher de bouche. Ainsi, pour un même vin, nous avons souvent eu l’impression de déguster des crus différents. Le millésime n’est pas forcément en cause. Nous avons goûté au domaine Trapet un 2012 : la hiérarchie des verres fut la même qu’avec le 2018. Encore plus intéressant, le style du vigneron compte plus que le terroir ou le cru dégusté au moment de choisir le verre idéal. Au domaine Confuron-Cotetitot, nous avons aussi dégusté un pommard et un gevrey-chambertin 2012. Là encore, les trois verres arrivés en tête étaient les mêmes que pour le nuitssaint-georges 2018 du même domaine.