Vins bio : assez de messages ambigus !
Il suffit de se balader chez des cavistes ou sur des sites de vente de vins en ligne pour constater un phénomène navrant : de plus en plus de domaines sont présentés comme “bio non certifié”, ”bio non revendiqué”, “d’inspiration biodynamique”, “n’utilisant aucun pesticide de synthèse”…
Ces allégations trompent souvent le consommateur à la recherche de produits et de vins plus naturels. Lorsqu’on leur demande de se justifier, les professionnels ou les vignerons concernés décrivent souvent l’obtention du label bio comme « trop compliquée, trop administrative, trop coûteuse ». Certains parlent même de démarche « clivante, voire sectaire ».
Il est utile de rappeler ici les protections dont bénéficient les certifications bio et biodynamique, qui garantissent une viticulture propre et respectueuse de la planète.
Personne ne traite la vigne par plaisir, ni pour en décupler les rendements (c’est le rôle des engrais). Que s’est-il passé ?
Les trois “pestes viticoles” venues des Amériques au XIXe siècle n’ont jamais disparu et continuent à impacter profondément la culture de la vigne. Si le phylloxéra a été jugulé par le recours au greffage de nos cépages sur des porte-greffes résistants, l’oïdium et surtout le mildiou restent encore aujourd’hui des pathogènes très virulents qui peuvent entraîner des pertes de qualité et de rendements très importants.
Pendant longtemps, le soufre contre l’oïdium et le cuivre contre le mildiou ont été les seuls “masques” de protection utilisés pour limiter les contagions ; mais leur efficacité relative et la méconnaissance des cycles de contaminations ont permis l’avènement des “solutions chimiques” industrielles depuis le début du XXe siècle, qui sont devenues des problèmes écologiques contemporains pour de nombreuses décennies encore.
La vigne est ainsi devenue l’une des plantes cultivées parmi les plus fragiles. Dans notre pays comme chez nos voisins, elle a aujourd’hui besoin d’une protection tout au long de son cycle de croissance. À elle seule, la viticulture consomme près de 20 % des pesticides utilisés par l’agriculture française, pour une surface cultivée qui ne représente que 5 % des terres cultivées.
Face à la montée en puissance des préoccupations environnementales dans la société, les producteurs de vin font évoluer leurs pratiques à la vigne, afin de minimiser leur impact sur les écosystèmes. Et ils utilisent ces efforts comme arguments de vente. Mais si certains en parlent en toute transparence, d’autres pratiquent un greenwashing au degré d’ambiguïté variable, parfois même une communication trompeuse.
En France, la loi protège le mode de culture biologique, placé sous la protection de l’Inao. La certification bio reste le seul “contrat de confiance” proposé aux consommateurs qui leur garantit qu’aucun pesticide de synthèse n’a été déversé dans l’environnement où est produit le raisin. Prétendre que l’on pratique le bio sans être certifié est interdit et passible de poursuites.
En conséquence, les mentions “bio”, “biodynamique”, “organic” et toutes les formules englobant ces concepts ne peuvent être utilisées que pour décrire des produits et des pratiques culturales certifiées par un organisme indépendant agréé par l’État, arborant le logo Euro-feuille, complété éventuellement des logos AB, Nature et Progrès, Biodyvin ou Demeter… La communication utilisant ces mots et leurs dérivés est strictement réglementée, toute resquille étant passible de peines et d’amendes.
Il est par ailleurs faux de prétendre que la certification est trop compliquée. La certification bio, d’un point de vue administratif, se résume à un contrôle annuel de quelques heures, sur rendez-vous, de la comptabilité et des documents de suivis des travaux réalisés sur l’exploitation, avec une visite des parcelles. Ce contrôle coûte quelques centaines d’euros. À cela peut s’ajouter quelques contrôles inopinés ou des analyses sur les produits à tous les stades de leur transformation. Rien d’excessif.
La vraie difficulté de la certification bio ou biodynamique consiste à suivre sans écarts le cahier des charges de la viticulture biologique et d’assumer les risques potentiels de perte de récolte.
En s’attachant à respecter les fondamentaux de l’agronomie, en remettant la prophylaxie au coeur du travail vigneron, en expérimentant sans relâche des modes de protection issus du vivant, la viticulture biologique a progressé et est devenue le mode de conduite reconnu aujourd’hui comme le modèle à suivre.
Chers partenaires, che(è)r(e)s ami(e)s vigneron(ne)s, c’est en mettant en avant le label bio dans vos choix, dans vos présentations que vous soutiendrez activement la possible et nécessaire transformation de la viticulture. Santé !•