L’échantillon primeur en question
C’est un sujet tabou qui plane chaque année sur la campagne de dégustation primeur à Bordeaux et qui, cette année, prend une dimension encore plus importante. La fiabilité des échantillons présentés par les châteaux et, par extension, celle des notes attribuées aux vins n’a jamais été aussi discutée. En question, l’option retenue par l’immense majorité des producteurs, soucieux de faire goûter leurs vins à des dégustateurs, acheteurs ou négociants cloués chez eux par les interdictions de voyager, de faire parvenir les échantillons parfois à l’autre bout du monde. Nous le savons tous, rien n’est plus variable, fragile et sensible qu’un vin prélevé en cours d’élevage et donc, par définition encore instable. L’expérience de déguster trois fois le même vin à trois jours d’intervalle à Bordeaux, durant la semaine des primeurs, est déjà éloquente, avec le sentiment d’avoir goûté trois vins différents. Que peut-il en être alors d’un échantillon qui a voyagé autour de la planète plusieurs jours (parfois dix) et qui est ouvert ensuite ? Plus que jamais, une dégustation en primeur doit être prise pour ce qu’elle est : une indication plus qu’une sentence définitive. C’est pourquoi nous avons aussi choisi de noter les vins dans une fourchette qui sera affinée dans quelques mois, après la mise en bouteilles. 0. Poels