La Revue du Vin de France

Tout sur l’AOP Touraine

Cabernet franc, gamay, côt, sauvignon, chenin… Grâce à la diversité de ses cépages, l’appellatio­n ligérienne recèle une belle palette de cuvées identitair­es qui méritent que l’on s’y attarde.

- Une dégustatio­n d’Alexis Goujard

Cépage par cépage, 40 blancs et rouges à ne pas manquer

Ah, un bon verre de touraine ! Voici une exclamatio­n que vous avez sûrement entendue près du zinc d’un bistrot. Le sauvignon de Touraine, on le débouche à l’apéro avec une saucisse d’Ardèche, et s’il en reste un peu dans la bouteille, on attaque les harengs pommes à l’huile ou les chipirons à la plancha. Quant au rouge, souvent un gamay, servi un peu frais, gouleyant, fruité, serti de tanins souriants, il est tout-terrain et toutes saisons, s’accommodan­t aussi bien avec une andouillet­te AAAAA grillée, un steak tartare ou un chou farci. Une image joyeusemen­t populaire colle à la peau des vins de Touraine, pour notre plus grand plaisir. Cette région mérite néanmoins qu’on la désire aussi pour ses cuvées identitair­es, bien ancrées dans leur paysage ligérien, plus profondes que de simples vins de soif. On les trouve sous l’appellatio­n Touraine, avec ou sans les dénominati­ons Azay-le-Rideau, Amboise, Mesland, Chenonceau­x et Oisly.

AMBOISE, LA SPÉCIALIST­E DU CHENIN ET DU CÔT

Prenons la charmante ville de Tours comme épicentre de notre tour d’horizon. Une petite part de l’appellatio­n Touraine débute au sud-ouest, avec des chenins ciselés par les argiles à silex d’Azay-le-Rideau et des argilo-calcaires jusqu’aux portes de Chinon. Le cabernet franc prend d’ailleurs ici des allures sombres et finement sauvages avec les beaux rouges de Chinon ; les domaines de la Garrelière et des Hauts Baigneux en sont les ténors. C’est à l’est et au sud-est de Tours que se concentre l’essentiel du vignoble avec de fantastiqu­es expression­s des cépages ligériens. La dénominati­on Amboise est la spécialist­e du chenin, haut en concentrat­ion et en saveurs de fruits jaunes, et du côt, une version saillante, très concentrée du malbec ; parmi les incontourn­ables : La Grange Tiphaine, Bonnigal-Bodet, Xavier et Thomas Frissant et Stéphane Mesliand. Un peu plus à l’est, le secteur d’Oisly et la Sologne viticole forment un plateau d’argiles et de sables entre la Loire et le Cher particuliè­rement propice pour des sauvignons fins, aériens et ciselés ; les domaines des Corbillièr­es et L’Affût sont à découvrir en priorité.

C’est plus au sud, dans la Vallée du Cher, de Chenonceau­x à Noyers-sur-Cher, que naissent de formidable­s sauvignons au caractère bien trempé. Ils offrent ici plus d’intensité aromatique autour de l’eau de rose et de la mangue – du fait des pieds de fié gris, aussi appelé sauvignon rose, qui subsistent avec panache – avec un gras séduisant, porté par de beaux amers. Prenez Vincent Ricard et Jean-François Mérieau comme référents. Bonne visite dans ce magnifique jardin de la France !

Conditions de dégustatio­n

Les 112 vins de Touraine ont été goûtés à l’aveugle par Alexis Goujard en avril 2021 dans les locaux de La RVF. Cette dégustatio­n a été complétée par des visites de domaines en mai 2021.

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Au fil des châteaux de la Loire (ici, celui d’Amboise), découvrez le caractère bien trempé des vins de Touraine.

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