Cyclistes pro, ils prennent le virage des tanins
Jeunes retraités du cyclisme, Axel Domont et Clément Chevrier sont déjà en selle dans leurs nouvelles carrières de vigneron et de sommelier.
Quand les cols de montagne se succèdent, quand l’effort durcit les jambes et fait grimacer, comment se donner du courage pour pousser de plus belle sur les pédales ? Axel Domont et Clément Chevrier ont mis au point une astuce qu’ils ont éprouvée durant leurs années communes sous le maillot d’AG2R La Mondiale, de 2017 à 2020 : « Nous avons passé des heures d’entraînement à rouler côte à côte à parler de vin et à choisir quels domaines on allait visiter ensemble », se souvient le premier.
Ébauchés sur leurs selles, les projets des deux cyclistes et amis se concrétisent pendant leurs jours de repos. Dans le Beaujolais, une région que chérit Chevrier, ils se rendent chez Jean-Marc Burgaud. À Tracy-sur-Loire, ils goûtent les cuvées d’Alexandre Bain et causent vélo, « Alexandre est un amateur, il a même été un bon cycliste », précise Axel Domont.
UNE PASSION POUR LE GAMAY
Ces rencontres avec des vignerons leur offrent du bon temps, certes, mais elles nourrissent surtout le désir de prolonger l’expérience. Si bien que l’an dernier, lorsqu’ils mettent un terme à leur carrière sportive, à 28 et 30 ans, les jeunes retraités entament chacun une reconversion dans le vin. Très pointu sur la dégustation, Clément Chevrier se lance dans la sommellerie. Avec succès, puisqu’il vient d’être recruté par Jean Sulpice à L’Auberge du Père Bise à Talloires, en Haute-Savoie. Branchée bio, “nature” et locale, la carte des vins de ce deux étoiles Michelin colle à ses convictions.
À une heure de route du restaurant, Axel Domont, lui, s’est établi au domaine des Côtes Rousses, avec l’envie de faire du vin en biodynamie. « J’ai rencontré Nicolas Ferrand en 2018, nous avons tout de suite sympathisé. Après ma blessure à la hanche lors d’une course en Australie, alors que j’étais en plein questionnement, il m’a proposé de le rejoindre ». En attendant de trouver des parcelles à louer et d’acheter son propre chai, Domont apprend le métier. Il vinifie aussi ses premiers raisins achetés au domaine de Chevillard.
Parmi ces raisins, du gamay, qu’il a prévu d’assembler avec Chevrier : « Clément est un amoureux de ce cépage, il m’en a donné le goût, c’est pour cela que j’en ai récupéré ». Il n’a pas fallu longtemps pour trouver le nom de ce futur vin de copains, il s’appellera Tandem.