Caroline Teycheney, le temps de la biodynamie
Avec son père Patrick, cette ex-Kering a investi 20 millions d’euros à Saint-Émilion dans un modèle biodynamique et oenotouristique bousculant méchamment les codes. Le cola insulaire qui rend amer Coca-Cola La firme mondialisée attaque la renaissance sur
Chez les Teycheney, discrète famille millionnaire du Sud-Ouest, pas de processus de transmission, mais une union sacrée pour casser les codes d’un milieu bordelais sorti d’un roman de Mauriac. Caroline, 42 ans, ex-Kering (groupe Pinault), carrière dans la haute horlogerie, s’est associée à son père Patrick, 67 ans, ex-Colisée (groupe d’Ehpad à succès), pour injecter Rive droite 20 millions d’euros et créer une entité viticole ambitieuse : Vignobles Jade, dont, pied de nez aux habitudes ancestrales, le président est madame, et le DG son père. « Nous avions décidé en 2014 de quitter au même moment nos carrières respectives pour réinvestir dans un grand vin à Saint-Émilion en mettant en commun nos ressources personnelles », énonce la N+1 de Patrick. C’est chose faite.
UN PROJET RARE EN BORDELAIS
Les Teycheney ne sont pas parachutés dans les crus classés : Caroline est issue de la lignée longtemps propriétaire de château de La Loubière (Entre-deuxMers). Mais Vignobles Jade est constitué de 27 nouveaux hectares patiemment rachetés ces dernières années afin d’atteindre la taille critique qui permettra à un groupe de « grands crus biodynamiques » d’être rentable. « Notre volonté est de passer les unes après les autres toutes les étapes d’un vignoble vertueux, pour devenir complètement biodynamique, autour de 2025 », explique la maîtresse des horloges, consciente de l’intérêt de ce projet rare en Bordelais.
Avec leur marque Fleur de Lisse, les Teycheney cherchent déjà à développer un style qui s’émancipe des canons locaux. Certains jus sont élevés en amphores et la part de cabernet franc a été multipliée par trois dans les assemblages (pour atteindre 45 %).
BAR À VINS ET BOULODROME
L’autre volet de l’aventure est oenotouristique. « Dans l’industrie horlogère, il est courant d’accueillir la clientèle à la manufacture, je veux faire la même chose aux Vignobles Jade », nous raconte la big boss, qui assume le qualificatif de winery pour son nouveau chai érigé l’an passé dans un monument historique de SaintHippolyte.
Le site a été conçu pour des vinifications de pointe et l’organisation de visites quotidiennes (avec magasin et ventes de vins, comme dans la Napa Valley, en Californie). Madame la présidente a aussi demandé sa licence IV afin de pouvoir ouvrir un bar à vins (assorti d’un boulodrome !) qui sera inauguré dans le nouveau chai lors du passage du tour de France à Saint-Émilion mi-juillet. Patrick Teycheney n’est pas près de prendre sa retraite.
Le sang corse de Christophe Mariani n’a fait qu’un tour quand, courant 2019, il a appris la nouvelle : Coca-Cola, la puissante firme d’Atlanta, s’oppose à ce que soit remis sur le marché son “Coca Mariani” (“Vin tonique de Mariani, Coca de Bolivie”), au nom d’une hypothétique
« confusion de marque ».
L’Office européen concerné doit rendre son avis définitif cet été. Mais notre entrepreneur (qui est un homonyme de la famille d’origine) est confiant. D’abord, son breuvage, à base d’alcool, de feuilles de coca et d’extraits de noix de kola, est en vente sur le territoire français depuis 2014 (*). Ensuite, son “Coca corse” est un apéritif un rien désuet n’ayant rien à voir avec la boisson gazeuse sucrée.
Surtout, il se dit prêt à contester, cette fois en justice, toute entrave à la vente avec un argument fort : c’est effectivement John Pemberton, créateur de Coca-Cola en 1886, qui avait commencé par imiter le “Vin Mariani” de 1863 pour en faire un “French Wine Coca”, avant de supprimer l’alcool, puis l’extrait de cocaïne, comme le racontent tous les livres d’histoire (Jacques Attali, Histoires de l’alimentation, p. 130). On a toujours tort de provoquer les Corses.
(*) www.vinmariani.fr
Le “Coca Mariani” est un apéritif à base d’alcool, de feuilles de coca et d’extraits de noix de kola.