Éclairer la rentrée
Les vins que nous aimons et admirons depuis longtemps sont devenus trop chers ! » Pas un jour ne s’écoule sans que dans la rédaction ne résonne la plainte, parfois le cri de colère d’un lecteur accablé par la flambée continuelle des prix des belles bouteilles.
Dernier témoignage en date, Bernard Humbeeck prend la plume depuis la bonne ville de Bruxelles. Sommelier de formation devenu enseignant, fin connaisseur, M. Humbeeck décrit dans un style aussi concis que précis cet univers vitivinicole gagné, « infesté », insiste-t-il, par ce qu’il appelle la fracture sociale, celle-là même dénoncée voici un quart de siècle par Jacques Chirac.
Il est vrai que l’on est saisi en visitant certaines de ces caves de luxe qui fleurissent à Paris et dans les grandes métropoles. Dans des rayons aux allures de catafalques, sous une lumière froidement tamisée, sont alignées des verticales de Premiers crus classés de Bordeaux sur vingt millésimes, des vins vendus entre 400 et jusqu’à 2 000 euros la bouteille. Des vins prestigieux que l’on s’offrait pour 150 francs à l’orée des années 1990. Moins de 25 de nos euros d’aujourd’hui !
Bordeaux n’est pas le seul vignoble concerné. Les mêmes lieux abritent aussi des enfilades de légendaires romanées, richebourgs, musignys figés et hiératiques, enchâssés derrière une vitrine telles des reliques, leur goulot sanglé par un bracelet métallique anti-vol. Et là, c’est vrai, on se dit qu’une part de la magie du vin s’est envolée avec la marchandisation de l’époque.
La RVF est donc particulièrement fière de continuer à faire le métier qui est le sien depuis 1927 : identifier de petits et aussi de grands flacons épargnés par cette spéculation hystérique. Des perles pas si rares que ça qui procurent du plaisir tout en restant sous les radars de l’affairisme. « Continuez à faire jaillir ces étincelles de décence et d’humilité », nous lance Bernard Humbeeck. Cher M. Humbeeck, soyez tranquille : la rédaction et le comité de dégustation s’y attachent tout au long de l’année.
Vous le verrez dans ce numéro, qui propose un tour d’horizon méthodique des meilleures affaires de la rentrée dans toutes les régions à l’occasion des foires aux vins. Avec une innovation de taille cette année : l’accent mis sur le travail de fond des cavistes, ces artisans passionnés à qui nous devons tant. En restant ouverts pendant les confinements et reconfinements successifs de ces dix-huit derniers mois, ils ont sauvé les amateurs du supplice de la cave vide et méritaient bien un coup de chapeau !
Après notre “Tour de France des vins de plaisir” (souvent à petits prix) en juin, cette analyse fine des foires dans les hypermarchés, chez les cavistes et les vendeurs en ligne permettra, nous l’espérons, d’éclairer votre rentrée. Notre Guide des meilleurs vins de France 2022, disponible début septembre en librairie et sur Internet, en témoigne : des milliers de vignerons de France proposent encore et toujours de bonnes affaires, des vins d’identité, des gorgées de plaisir à des prix restés très raisonnables.
À chacune et chacun d’entre vous, nous souhaitons, chères lectrices et chers lecteurs, une rentrée gourmande sous le signe du beau vin et de la joie de vivre qui l’accompagne.
« Innovation cette année : La RVF décortique l’offre des cavistes à l’occasion des foires »