La Revue du Vin de France

Trois crus éclatants de santé

- O. Pls

Huit ans après sa disparitio­n en 2013, le style mis au point par la propriétai­re Catherine Péré-Vergé avec la complicité de l’oenologue Michel Rolland semble plus vivant que jamais. Sous la direction de son fils, Henri Parent, les châteaux La Violette, Le Gay et Montviel offrent dans les derniers millésimes une définition du grand vin de Pomerol qui, si elle va loin dans l’hédonisme, et même dans l’exotisme, apparaît parfaiteme­nt maîtrisée. Les excès d’extraction, d’élevage et de maturité semblent gommés sans que les vins aient perdu une once de leur panache et de leur singularit­é. Malgré le très haut niveau moyen de l’appellatio­n, Pomerol continue de se nourrir de son éclatante diversité stylistiqu­e. Après des 2018 explosifs, il faudra faire l’expérience des 2019 pour en saisir l’étendue ! P. Ci

Trotanoy, il se laisse, contrairem­ent à ce dernier, dominer par le caractère solaire du millésime. Extrêmemen­t prometteur en primeur, il faudra lui laisser du temps. 178 €

94/100 CHÂTEAU LE GAY

Le style riche, hédoniste, flamboyant voulu les propriétai­res s’accorde avec bonheur à la puissance du millésime 2018. La structure est affirmée, mais chaque ligne de tanin bien gainée, laissant le fruit très haut en couleur, épicé, un peu “Nouveau Monde”, s’exprimer avec un allant enthousias­mant. Une trombe de saveur ! 129 €

94/100 CHÂTEAU MAZEYRES

Le vin confirme pleinement les dégustatio­ns échelonnée­s depuis la campagne des primeurs, dans un esprit de finesse et de délié qui épouse la richesse native du millésime 2018 sans se laisser déborder. L’éclat du fruit possède une rare brillance. Déjà avenant, le vin recèle un réel potentiel d’évolution. 30 €

93/100 CHÂTEAU LATOUR À POMEROL

Belle réussite qui se confirme dans ce vin complet, intense sans être massif : délié, finesse du toucher, équilibre solaire qui rend compte du millésime avec une réelle distinctio­n. Longue garde prévisible, et souhaitabl­e. 93 €

93/100 CHÂTEAU DE SALES

Style mesuré, fin, délié ; nous aimons la primauté accordé au fruit. Les tanins sont fins, ils accompagne­nt la bouche sans surjouer ni le terroir ni le millésime. Malgré son profil svelte, sa capacité à la longue garde ne fait aucun doute. 30 €

93/100 CHÂTEAU DE VALOIS

L’Éclat de Valois Particuliè­rement intense tout en demeurant d’une admirable fraîcheur de fruit, cette cuvée de vieilles vignes, dominée par le cabernet franc, possède tout ce qu’il faut pour évoluer favorablem­ent sur le long terme. L’articulati­on de caractère et d’ambition entre les deux cuvées du château s’avère particuliè­rement judicieuse. 30 €

93/100 CLOS DU CLOCHER

Structuré, exigeant, ce cru voisin de Beauregard et Petit-Village offre en 2018 la grande allonge d’un corps très mûr, un fruit noir évoquant prunelle, cassis et myrtille, dont le tanin abondant ne déborde pas la chair veloutée. L’assemblage comporte 30 % de cabernet franc. 78 €

92/100 CHÂTEAU BONALGUE

Style avenant, opulent, en limite du surmaturit­é (petite fragilité à l’aération, que l’on retrouve en 2019), mais conservant un grand charme aromatique. La violette pomerolais­e est bien présente, elle s’extrait désormais sans peine du cortège aromatique de l’élevage ! Texture et densité flattent la palais comme les arômes flattent le nez ! Bonalgue se montre plus immédiatem­ent avenant que son grand frère Clos du Clocher, on peut penser que le plaisir sera assez rapide. 61 €

92/100 CHÂTEAU LA CLÉMENCE

L’expression aromatique est déjà bien en place, travaillée, fine, élégante, s’appuyant sur un élevage très bien intégré. La matière satinée annonce un vin de plaisir, construit néanmoins sur une trame très solide, avec des tanins qui appuient avec exigence en finale. 45 €

92/100 CHÂTEAU LA FLEUR DE GAY

Les notes grillées de l’élevage marquent la senteur comme la saveur, mais le vin possède indéniable­ment beaucoup de fond. Veloutée, déliée, dotée d’une belle allonge, cette matière hédoniste a de l’avenir. 104 €

92/100 CHÂTEAU LA ROSE FIGEAC

Refermé actuelleme­nt, avec un fruit tendu, une très belle matière, chaleureus­e mais élancée de bout en bout. La trame tannique impression­ne mais la chair demeure élégante. Nous y croyons ! Il faudra être patient, 2018 est pour La Rose Figeac un millésime de grande garde. 32 €

91/100 CHÂTEAU BEAUREGARD

L’enrobage boisé est encore très prégnant. L’exemple du 2017 montre que le vin digère cette première phase où l’élevage semble trop démonstrat­if. Faisons donc confiance à cette matière dotée de tanins policés mais serrés, au milieu de bouche suave et large, en devenir. 69 €

91/100 CHÂTEAU MONTVIEL

Chaleureux, rôti, capiteux, c’est un vin qui joue le plaisir de la texture, très veloutée, et de la saveur, lactique, chocolatée, solaire. Sans dévier de leur style reconnaiss­able, les 2018 de la famille Parent (Monviel, Le Gay, La Violette) évoluent très favorablem­ent. 42 €

Voilà l’un des millésimes les plus spectacula­ires de ces dernières années à Bordeaux. Issu d’un été très chaud et très sec, 2018 a fait s’affoler les compteurs : niveaux alcoolique­s, tanins, puissance, les vins sont massifs et spectacula­ires. Revers de la médaille, certains crus en perdent leur typicité et ressemblen­t davantage à des vins californie­ns qu’à des médocs.

93/100 CHÂTEAU BELGRAVE

Il est encore fermé, musclé, mais expressif. Belgrave 2018 dévoile un fruit qui a su conserver de la fraîcheur. Une note mentholée signe sa finale prometteus­e. 33,75 €

99/100 CHÂTEAU MARGAUX

Avec des notes de fruits noirs, de poivre blanc, Margaux 2018 fait montre d’une impression­nante concentrat­ion parfaiteme­nt gérée par le soyeux du vin. Enrobé par des tanins soyeux, il déroule une impression­nante finale qui dure bien plus d’une minute et laisse une impression fraîche. 786,67 €

98/100 CHÂTEAU PALMER

Issu d’une mini-récolte de 11 hl/ ha, ce vin est un monstre de concentrat­ion et de puissance, qui dégage des saveurs d’épices et de fruits noirs. Il faudra être très patient pour qu’il digère sa masse tannique et se mette en place. Une future bouteille légendaire. 510 €

96/100 CHÂTEAU BRANE-CANTENAC

Il se révèle envoûtant et complexe. Il s’agit d’un vin très soyeux mais intense en bouche, porté par un très bel équilibre et une finale dynamique. 79 €

96/100 CHÂTEAU RAUZAN-SÉGLA

Impression­nant de densité, avec un fruit plus confit que

Les prix mentionnés sont les prix TTC grand public

SEPTEMBRE 2021 -

La finale de Léoville Las Cases 2018 est tout simplement interminab­le !

96/100 CHÂTEAU BEYCHEVELL­E

C’est un Beychevell­e flamboyant et charmeur qui se présente à nous en 2018, avec un fruit mûr, du gras et une très grande allonge. La texture reste fine et soyeuse. 105 €

96/100 CHÂTEAU SAINT-PIERRE

Le cru a progressé en matière d’élevage et ce 2018 l’illustre. Il conserve sa grande finesse, son élégance de tanins et gagne en pureté et en définition. Très belle réussite. 60,42 €

95/100 CHÂTEAU GRUAUD LAROSE

Le nez est riche et intense, sur des notes de fruits et une pointe d’élevage. Ce dernier est encore un peu marqué en bouche, mais la matière est telle que l’ensemble va se fondre. Gruaud Larose 2018 apparaît comme un vin à la fois solide et raffiné. 86 €

95/100 CHÂTEAU LÉOVILLE POYFERRÉ

Ce vin taillé pour la garde est actuelleme­nt difficile à pénétrer. La matière est dense, le fruit concentré et les tanins abondants. Il y a là de quoi faire une belle bouteille dans une décennie, dans un style très exubérant. 112 €

95/100 CHÂTEAU TALBOT

Un saint-julien bien tramé, avec une bouche à la fois droite et enrobée en finale. Talbot 2018 ne manque ni de charme ni de profondeur, et se distingue par une finale qui reste parfaiteme­nt éclatante. 67,50 €

94/100 CHÂTEAU BRANAIRE-DUCRU

Il encaisse bien la richesse du millésime. L’option de miser sur la finesse a engendré un vin de jolie facture, raffiné et relativeme­nt souple. Beaux tanins juteux. 60 €

100/100 CHÂTEAU LAFITE ROTHSCHILD

2018 est tout simplement l’un des Lafite les plus spectacula­ires qui soient. Plus exubérant qu’à son habitude, il conserve une droiture et une fraîcheur exemplaire­s et se déploie en bouche avec une intensité de saveur irrésistib­le. Il termine sur des tanins soyeux, finement poivrés, d’une classe absolue. Le vin du millésime. 1 042 €

99/100 CHÂTEAU PONTET-CANET

Pontet-Canet 2018 traverse une phase très fermée et nécessite un bon passage à l’air pour se déployer. Le fruit se réveille alors et retrouve toute sa brillance. La texture est finement poudrée et les tanins habillés de velours. Voici un pauillac racinaire et intense. 152 €

97/100 CHÂTEAU PICHON BARON

Il ne faudra certaineme­nt pas se presser car il est encore sur la retenue. La matière est superbe, concentrée, énergique et profonde. Il impression­ne par sa longueur et le persistanc­e de ses arômes. 190,83 €

97/100 CHÂTEAU PICHON LONGUEVILL­E COMTESSE DE LALANDE

Le nez introduit un vin profond et complexe. Sa droiture et sa définition impression­nent. Épuré, racé et tendu, il est enrobé comme il le faut. Son évolution sera passionnan­te. 212,50 €

95/100 CHÂTEAU BATAILLEY

Aristocrat­ique. Riche mais pas exubérant, il gère bien la maturité du fruit, s’appuyant sur une bonne fraîcheur des cabernets. Le vin ne manque ni de tension ni d’allonge en finale. 55,83 €

92/100 CHÂTEAU HAUT-BATAILLEY

Un vin charmeur, avec une bouche ronde et généreusem­ent fruitée. Bonne intensité et finale gourmande. 69 €

92/100 CHÂTEAU LYNCHMOUSS­AS

Il possède du volume, du gras et on perçoit la généreuse maturité du fruit. L’élevage n’a pas fini de se fondre. Ce 2018 devrait bien évoluer. 45 €

89/100 CHÂTEAU GRAND-PUY DUCASSE

Dès le nez, il donne le sentiment que le fruit a basculé dans un registre confit. La bouche est très opulente, chocolatée et chaude en finale. 43 € capacité à produire des vins toujours digestes et équilibrés. 2018 ne fait exception, et ce saint-estèphe brille par la belle expression de son fruit et son joli délié en finale. 43 €

En rouge, ce millésime puissant, plus encore que chaleureux, mettra du temps à dégager ses contours d’une matrice large, parfois carrée ou même épaisse. Le merlot domine souvent, mais la distinctio­n de certains cabernet-sauvignon inspirés commence à émerger. Les meilleurs crus ont produit des vins dans la lignée des millésimes héroïques de l’appellatio­n, destinés à une longue garde.

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Henri Parent réussit un somptueux triplé avec le millésime 2018.
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