Juan Sanchez : un Américain à Paris file dans la Côte des Bar
De New York à Gyé-sur-Seine en passant par Saint-Germain-des-Prés, ce garçon enthousiaste multiplie la création d’adresses gourmandes.
Juan Sanchez a ouvert son dans un ancien dépôt SNCF.
Alors que tant de jeunes diplômés français s’expatrient, saluons ici le parcours d’un self-made man venu des États-Unis pour réaliser ses rêves de vins et de cuisine en France.
Fils d’immigrés cubains, né à New York en 1965, Juan Sanchez a vécu quinze ans à Miami, s’est perdu dans des études de finance avant de passer un CAP de cuisine en 1993, à l’École Ferrandi, à Paris. Très vite, il prend goût au vin. Très vite, il fait le pari d’en vivre. Il sympathise avec les propriétaires de la chambre qu’il loue rue de Seine, dans le VIe. Ils tiennent une boutique de charcuterie et de fromages. Le jeune Américain les convainc de lui laisser un coin du magasin pour y vendre du vin. C’est ainsi que débute sa success story à Saint-Germain-des-Prés. En 1996, il ouvre La Dernière Goutte, à deux pas de la paisible rue de Furstemberg. Il y propose les vins de vignerons qui le touchent : Ostertag en Alsace, Papin en Anjou, Fadat en Languedoc…
En 1999, il poursuit sa conquista du quartier en ouvrant avec son associé néo-zélandais Drew Harré le savoureux bistrot la Boissonnerie, toujours rue de Seine, puis en face, Semilla, plus gastronomique, en 2012 et Freddie’s en 2015. Rien ne laissait alors présager une aventure extra-parisienne. Et pourtant ! J’ai croisé Juan Sanchez dans un coin improbable, à Gyé-sur-Seine, dans la Côte des Bar, au sud de la Champagne, les bras chargés de légumes qu’il venait de ramasser dans le potager du Garde Champêtre, ouvert en 2018. « J’adorais passer des week-ends à Gyé, mais je ne trouvais pas de bons restaurants. C’est terrible, les bons produits poussent à la campagne mais partent en ville. Ici, c’est l’Intermarché qui nourrit les gens… », m’a-t-il expliqué.
Sanchez convainc le photographe Peter Lippmann et deux vignerons, Cédric Bouchard (Roses de Jeanne) et Jean-Pierre Josselin, de monter avec lui le Garde Champêtre dans un ancien dépôt de la SNCF. Aux fourneaux, un couple nippon-portugais, Sayaka Sawaguchi et Gil Nogueira, venus du Grand Bain à Paris. La cuisine est inventive. « Dans un esprit nordique, avec la chaleur du Portugal et la technicité japonaise », synthétise Juan Sanchez. On croise là des vignerons, des importateurs de vins, des amateurs aussi grâce à la carte de 250 références de la Côte des Bar et d’ailleurs. Un lieu joyeux dont avait besoin ce coin ravissant de la Champagne. 23 € la formule déjeuner, le soir à la carte et menu Galopant à 42 €.
DÉCEMBRE 2021 / JANVIER 2022 -