Championnat du monde
Avignon, le 1er octobre 2021, 21 h 30… La fraîcheur de l’automne ne se fait pas encore ressentir, les terrasses de la ville sont noires de monde. Attablée au 46, l’un des meilleurs bars à vins de la ville, l’équipe du Danemark s’apprête à quitter les lieux. « Nous sommes arrivés hier soir, en toute décontraction. Nous venons ici avant tout pour prendre du plaisir ! », s’exclame Rasmus Amdi Larsen. Effectivement, en contemplant les cinq bouteilles vides soigneusement alignées sur leur table, saint-joseph du domaine Gonon en tête, nous pouvons en déduire que du plaisir, ils en ont déjà pris !
Le lendemain, les Danois (95 points) se satisferont d’une honorable quatorzième place parmi les vingt-sept équipes en lice. En revanche, s’il y a bien une équipe qui avait entrepris de gagner à tout prix, et de reléguer le plaisir au second plan, c’est celle venue de Hongrie (166 points). Après une douzième place en 2017 et une cinquième place en 2018 et en 2019, elle accède pour la première fois au rang suprême. Un bel exploit !
L’édition 2021 du championnat a initié une nouvelle règle. Pour remporter le trophée tant convoité, chaque équipe devait déguster et identifier douze vins, comme lors des éditions précédentes, mais cette fois en deux manches. Au cours de la première mi-temps, les participants ont donc goûté et livré leurs impressions sur les six vins présentés ; ils ne connaîtront l’identité de ces bouteilles qu’à l’issue de la compétition. Pour la seconde manche, chaque équipe a dégusté les six derniers crus, la bonne réponse étant cette fois dévoilée au fur et à mesure et les scores affichés sur grand écran. Un changement de règle qui a entretenu le suspense jusqu’au bout !
TEMPÉRER LA FOUGUE
Dans l’équipe hongroise, Didier Sanchez, qui avait pour l’occasion endossé le costume de modérateur, s’est distingué. Le Toulousain, fondateur du club In Vino Veritas en 1993, a été un atout majeur pour la victoire finale. « Je suis parvenu au cours de la compétition à tempérer la fougue de mes camarades », explique avec sagesse celui qui a été quatre fois champion de France de dégustation à l’aveugle.
Qu’est-ce qui a fait la force de cette équipe, dont les membres ne s’étaient pas beaucoup entraînés ensemble à cause de la pandémie ? Didier Sanchez nous éclaire : « Nous avons réussi à instaurer un climat de confiance, à respecter l’avis de chacun sur les vins que nous avions dégustés. Il est impossible de parvenir à trouver un vin d’emblée, il faut le laisser respirer et le goûter une deuxième fois pour affiner son choix. En revanche, cette année, avec cette seconde manche inédite, nous devions aller droit au but et prendre une décision rapidement ».
Didier Sanchez livre un dernier secret qui permet de comprendre le succès de son équipe. « Avec Attila Aranyos, nous formons un superbe duo complémentaire. Depuis trois ans, nous nous entraînons chaque semaine. Il possède un nez extraordinaire et peut déceler rapidement le cépage. Au cours de la compétition, il était le leader, et les autres, Laura et Levente, suivaient », révèle ce compétiteur né. Car pour parvenir à se hisser sur les plus hautes marches du podium, il n’y a pas de secret : il faut affûter son palais et déguster régulièrement avec les mêmes partenaires.
À l’instar des membres de l’équipe belge, arrivée deuxième. Sacrés champions de France en juillet dernier au château de Pennautier, ils se connaissent bien. Sous la houlette d’Olivier
Affûter son palais et déguster avec les mêmes partenaires