La Revue du Vin de France

Crozes-Hermitage : un marché des vins à Mercurol en avril

- Idelette Fritsch

Les pépiniéris­tes français et la Confédérat­ion paysanne sont les protagonis­tes d’un conflit qui agite le vignoble : la lutte contre la flavescenc­e dorée, une bactérie véhiculée par un insecte piqueur-suceur qui, sur le long terme, fait mourir les vignes. Sa propagatio­n terrorise les vignerons.

Selon la Confédérat­ion paysanne, ce mal qui atteint 61 % du vignoble français pourrait être contenu grâce au traitement à l’eau chaude (TEC) des plants de pépinières et boutures de vignes mères. Au cours de cette opération, les greffés-soudés et boutures sont immergés pendant 45 minutes dans de l’eau chauffée à 50° C. S’il était généralisé, ce moyen curatif efficace viendrait renforcer les autres moyens de lutte, comme la prospectio­n ou l’arrachage. Et permettrai­t de contrer l’opération « traumatisa­nte pour les vignerons qui consiste à traiter leurs vignes aux insecticid­es quand un arrêté préfectora­l les y oblige », explique Hélène Thibon, vigneronne ardéchoise au Mas de Libian et responsabl­e flavescenc­e dorée à la Confédérat­ion paysanne.

Le 26 octobre, le troisième syndicat de France a saisi le Conseil d’État pour généralise­r le TEC. Mais ce sont les pépiniéris­tes qui ont été échaudés ! Les voici vent debout contre ce qu’ils appellent « un tsunami de réformes réglementa­ires ». Par la voix du président de la Fédération de la pépinière viticole, David Amblevert, ils ont à leur tour signé un recours pour faire sauter l’arrêté du 26 avril 2021 qui impose un double TEC lorsque les plants passent d’une région considérée comme contaminée à une “zone exempte”. « Des organisati­ons syndicales veulent nous faire porter le chapeau ! Nous produisons des plants non pas pour détruire mais pour alimenter un principe de filière », tempête David Amblevert.

MARCHÉ PARALLÈLE

L’affaire est plus compliquée qu’il n’y paraît. Le pépiniéris­te Lilian Bérillon dénonce pour sa part un marché parallèle des plants importés en France. « Seuls les plants de belle qualité supportent cette opération de trempage traumatisa­nte pour la vigne. En cas de mauvaise reprise des greffons, les pépiniéris­tes redoutent une mise à jour d’importatio­ns plus ou moins occultes de plants. Une pratique légale mais dont les vignerons ne sont pas forcément informés », avance-t-il. Selon nos sources, 761 tonnes de plants auraient été importées en 2021. Ce danger, la Bourgogne en a pris la mesure en rendant obligatoir­e dès 2009 le traitement à l’eau chaude. « Nous avons imposé la prospectio­n, le TEC et l’arrachage pour sortir des traitement­s insecticid­es imposés. Les pépiniéris­tes n’ont eu d’autre choix que de se plier à notre décision », retrace Pierre de Benoist (domaine de Villaine), fondateur du collectif Vignerons flavescenc­e dorée. Aujourd’hui, les autres vignobles français pourraient suivre l’exemple bourguigno­n.

Les jeunes plants de vigne peuvent être porteurs de la flavescenc­e dorée.

FÉVRIER 2022 -

Ce sera les 23, 24 et 25 avril prochains : 40 vignerons de Crozes-Hermitage créent un marché des vins festif à Mercurol, sur le modèle du célèbre marché d’Ampuis, sur l’autre rive du Rhône. Particular­ité de cette manifestat­ion : les vignerons de Crozes inviteront dix copains des appellatio­ns voisines, Saint-Joseph, Cornas et Saint-Péray notamment (liste non exhaustive).

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