Nicolas de Rabaudy : la table et la plume
Avec Mémoires d’un Gourmet à table, Nicolas de Rabaudy signe son 21e livre.
Chaque matin, il s’assoit à son bureau, rue de Prony, à deux pas du parc Monceau, entre deux piles de manuscrits. Il a jeté sur ses épaules sa veste d’intérieur en velours grenat. Son stylo danse sur le papier, il n’a jamais eu d’ordinateur.
Il y a quarante ans que Nicolas de Rabaudy compose sur le même thème : la gastronomie et le vin. Les critiques le savent, écrire sur la cuisine excite les papilles. Quand sonnent 11 h 00, il décroche son téléphone, appelle un restaurant auquel il a pensé la veille et s’annonce : il passera déjeuner à 13 h 00.
C’est ainsi qu’à 70 ans, ce dandy et fin palais publie son vingt-et-unième opus. Dans ces Mémoires d’un Gourmet à table (Éditions du Mécène), l’auteur dévoile la vie secrète des grands cuisiniers dans un savoureux tour de France des restaurants, bistrots et hôtels de France.
En lisant ou relisant ses textes, notamment Le Savoir-Boire chez Jean-Claude Lattès ou Les Vins de rêve chez Solar, on s’attachera à la philosophie singulière d’un homme pour qui s’attabler au restaurant, jauger la carte d’un oeil expert, commander une bouteille de Krug ou un Château Brane-Cantenac en entamant la conversation représente le sommet de l’art de vivre à la française.
Nicolas de Rabaudy sait de quoi il parle. Un temps gendre de Maurice
Casanova, propriétaire du Fouquet’s, ancien chroniqueur de La Revue du vin de France (période Odette Kahn), critique à Paris Match, puis au Figaro, passé par le Savour Club, il est allé au bout de sa passion puisqu’il posséda trois restaurants. Dont le Bistrot du Sommelier, boulevard Haussmann, qu’il revendit à Philippe Faure-Brac.
Rares sont ceux qui, comme lui, après avoir poussé la porte d’un établissement, à l’issue d’un examen des menus et de la carte des vins, d’un décompte des tables et du nombre de couverts, d’un rapide inventaire du personnel en salle et en cuisine, savent dire si l’affaire est prospère, juste à l’équilibre ou si le patron connaît des difficultés !
Mais la valeur ajoutée de l’auteur tient à ses anecdotes : il a tout connu, ou presque. Raymond Oliver déjeunait chez lui, au Lord Gourmand, il côtoya Roger Vergé, fut proche de Paul Bocuse, familier des frères Troisgros. Dans son dernier livre comme sur le site Slate, auquel il donne 50 articles par an, Rabaudy croque les valeureux anciens et célèbre les vivants, Veyssière à Angoulême, Coutanceau à La Rochelle, Guérard à Eugénie-les-Bains, Lorain à Joigny, Savoy à Paris, Orsi à Lyon. Avec goût, avec respect.
Le domaine de la Grange-Charton, à RégniéDurette, accueillera une quinzaine de vignerons.